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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 22:25

 

   
définition - Maxime Nemo

voir la définition de Wikipedia

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dictionnaire collaboratif

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Wikipedia
Maxime Nemo

Wikipedia a cru  bon de supprimer l'article de façon arbitraire et unilatérale, par manque de notoriété (!) Il se trouve que deux censeurs: JR Courtois et un certain Chris de Liège  (exécuteur  émettant de Belgique) décident en leur âme et conscience et  leur inculture notoire d'effacer un article ou de le conserver.http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Maxime_Nemo/Suppression

Voilà des procédés dignes de Big Brother car, qui décide de ce qui est à conserver ( le Monde Nemo, le Cpitaine Nemo ou Little Nemo) ou à jeter dans le patrimoine culturel ?

Ce Blog et les nombreuses occurrences sur le Web en lien avec Maxime NEMO (1888-1975) suffisent à valider ses travaux de poète, philosophe, critique, écrits et correspondances et son action au sein de la Réublique des Lettres  pendant près d'un siècle et notamment en faveur des célébrations pour la mémoire de Jean Jacques ROUSSEAU dont son retrait du Panthéon et son retour à la nature à Ermenonville.

Un Dictionnaire collaboratif (dit "libre" par rapport à quoi ?) s'honorerait à lire et à faire des recherches érudites en archives et non à se plier aux occurrences de son rival Google.

Pour que cet article ne soit plus ORPHELIN par la décision d'un seul censeur, je vous remercie d'intervenir et de soutenir ce travail de mémoire et d'hommage pour le 40ème anniversaire de la disparition de Maxime Nemo à Paris en juillet 1975.(article du Monde)

                   


Maxime Nemo fut le fondateur en 1949 de l'Association J.J.Rousseau dont il fut secrétaire général jusqu'à sa mort.

En 1962, il organisa avec l'Unesco, le colloque de Royaumont pour le 150è anniversaire de la naissance de Rousseau et publia des études sur le philosophe: L'Homme nouveau J.J.Rousseau,et des essais: L'acte de vivre. Il passa l'essentiel de sa vie entre Paris et les bords de Loire à St-Julien de Concelles où se retrouvaient chaque été des philosophes, écrivains, artistes et comédiens dont E.M.Cioran.

Maxime Nemo http://maximenemo.over-blog.fr/

  Bibliographie

Articles de Maxime Nemo parus dans la revue Europe Rubrique

  • Grosclaude Pierre, Jean-Jacques Rousseau et Malesherbes n° 291 Novembre-Décembre 1961
  • L'homme selon Rousseau n° 42 Novembre-Décembre 1961
  • L'ère de la maturité n° 215 Septembre-Octobre 1962
  • Je hais Balzac n° 324 Janvier-Février 1965
  • Présence de Teilhard de Chardin n° 63 Mars-Avril 1965
  • Jacques Ménétrier humaniste n° 258 Juillet-Août 1967
  • L'Homme selon Rousseau par Maxime Nemo

article paru dans le numéro spécial d'Europe n°391-392 de Novembre-Décembre 1991 )

  • L'humanisme de Jean Jacques Rousseau " par Maxime Nemo

(extrait du bulletin de l'Association Guillaume Budé Lettres et humanités, XII n°4 - Décembre 1953 - PARIS - )

- En attendant, voici la page de l'Association Jean Jacques Rousseau aux Etats Unis qui organise de nombreuses manifestations et colloques, perpétuant ainsi le travail de pionnier de Maxime Nemo. Maxime Nemo:Secrétaire Général de l'Association J.J. Rousseau de 1949 à 1975 a publié :

  • Un Dieu sous le tunnel, (Rieder Editeur)
  • l'homme nouveau J.J. Rousseau" La Colombe 1957 )
  • "Choix de textes de J.J. Rousseau" (La Colombe 1962)
  • 'Julot gosse de rêve''' ( Rieder Editeur 1927)
  • L'acte de vivre" (la Pensée Universelle 1972)

Ce nom ne parle pas aux générations comme à celles qui arrivèrent à l'âge d'homme après la guerre. Dans ces années là, après avoir enseigné à Strasbourg, cet idéaliste généreux quittait l'université et fondait une association originale qui s'appela l'Ilôt, avec cette définition: Petit espace mais libre Il s'agissait moins d'une organisation que d'un apostolat. Le projet de Nemo orienté par son tempérament et sa culture vers l'art lyrique et tragique était d'en porter le message à la jeunesse, en marge des programmes d'enseignement par la lecture, la diction, la représentation partielle, la conférence ou le disque.

Grand admirateur de l'auteur de la Nouvelle Héloïse, Maxime Nemo fondait en 1947 sous la présidence d'Edouard Herriot"les Amis de jean jacques Rousseau" société domiciliée au Montlouis à Montmorency qui deviendra en 1949, l'"Association Jean Jacques Rousseau", dont il fut le secrétaire général jusqu'à sa morten 1975.

En 1956 il conduisit dans la plupart des instituts européens une exposition sur : Genèse et rayonnement de l'Emile. En 1962, pour le deux cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Jean Jacques Rousseau il prépara seul, avec l'appui financier de l'UNESCO le Colloque de Royaumont qui réunit les rousseauistes de France et de l'étranger. En avril 2010 Les Archives de "l'Association JJ Rousseau" ont été cédées à La Société Jean Jacques Rousseau de Genève (Genève) Société Jean Jacques Rousseau] [1] afin de constituer un "Fonds NEMO" qui sera traité et archivé pour le rendre consultable par les chercheurs et spécialistes de Rousseau lors des Commémorations du tricentenaire en 2012

   
       
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19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 23:26

Un ami de Cioran: le mystérieux Monsieur Nemo
Alexandru Seres (paru en roumain dans Apostrof Janvier 2015)


Dans les lettres envoyées dans les années ’70 à son frère Aurel, Cioran mentionne à plusieurs reprises une belle propriété près de Nantes, où il va presque chaque été, chez un ami. De la façon dont il y passe son temps on n’apprend q’une chose : qu’il lui fait particulièrement plaisir de travailler dans le jardin – creuser la terre, désherber, planter. Quant à l’identité de cet ami qui avec tant de générosité pose à sa disposition non seulement la maison mais aussi le jardin, il ne souffle mot. Il ne parle ni des circonstances où il a connu son ami, ni à quoi il devait sa générosité - manne céleste pour Cioran, qui n’ayant jamais trop d’argent, ne pouvait pas se permettre des vacances coûteuses. Pour que le mystère soit complet, vers la fin des ’70 cet ami est tout d’un coup remplacé dans ses histoires sur les vacances près de Nantes par une personne du genre féminin, que Cioran désigne de nouveau, tout aussi énigmatiquement, par le mot „amie”.
Des notes inscrites dans ses cahiers pendant cette période on apprend quelques indices regardant ce personnage dont Cioran ne dévoile pas le nom entier, parlant génériquement de „la famille Nemo”. Mais il nous dit aussi l’endroit où se trouve la maison près de Nantes : il s’agit de La Crétinière (nommé alternativement Cré – probablement une abréviation) . La première note date de 1967 et ne fait référence qu’à la maison de Cré (un manoir en fait, que les voisins nommaient château, entouré par un domaine entier, ancienne résidence d’un oncle de Victor Hugo (2) : „Du 18 au 28 juillet, à la Cré, chez les Nemo. Séjour inoubliable dans la plus parfaite maison que j'aie jamais habitée.”(3) Ensuite, après avoir écrit à son frère, l’été de 1968, qu’il a été „pour deux semaines en vacances chez des amis qui ont un grand jardin” (4), il note au début de septembre : „Dix jours merveilleux chez les Nemo, à la Crétinière (...)” (5)
La référence suivante à ce lieu de séjour annuel de Cioran date de 1970 et apporte un détail important : „27 juillet. Une semaine dans la propriété des Nemo, près de Nantes. L'idée de bonheur est inséparable de celle d'un jardin.” (6) L’association du jardin et du bonheur est une allusion plus qu’évidente à l’Eden ; mais elle n’est pas du tout gratuite, car dans ce jardin tout à fait réel Cioran exécute des activités tout terrestres du matin au soir, mais qui lui produisent une grande satisfaction.
Dès la première note sur La Crétinière, celle de 1967, Cioran signale la découverte de son nouveau plaisir, le jardinage, auquel il oppose la corvée du travail intellectuel : „Dix jours de jardinage. Ça vaut tout de même mieux que dix jours de bibliothèque. Entre bêcher et bouquiner, mon choix est fait. De plus, j'aime mieux manier une pelle qu'une plume.” (7) De plus, le mois de juillet 1971 sa passion horticole provoque des accents nostalgiques et le désaveu de sa condition d’intellectuel, de sorte qu’il écrit à son frère Aurel : „J’ai travaillé avec mes bras pendant dix jours chez un ami. C’est la seule chose qui me donne une satisfaction absolue. (...) pour moi, chaque fois que j’ai l’occasion de travailler à quelque chose avec mes bras, c’est comme un retour à l’enfance. Je n’étais pas fait pour devenir intellectuel. Quelle déchéance ! Mieux aurait été devenir serrurier.” (8) Et de nouveau, le mois d’août 1977, avec encore plus de conviction : „Moi, j’étais fait pour la vie champêtre. Le travail intellectuel est une hérésie.” (9) Il y a bien sûr de l’ironie, mais aussi une légère dose de cabotinisme dans ces déclarations. Il est certain quand même que le plaisir que le labeur physique donne à Cioran est tout à fait réel. D’ailleurs, tant chez soi, à Paris, Rue de L’Odéon, que dans la mansarde achetée à Dieppe, le plus grand styliste en vie de la langue française travaille d’arrache-pied chaque fois qu’il arrive que la cuvette soit bouchée ou que la poignée de la porte ait besoin de réparations.
Mais revenons à Nemo, l’ami qui lui offre son hospitalité tous les étés à son domaine près de Nantes. Une investigation plus minutieuse des lettres et des notes de Cioran m’a permis d’identifier ce mystérieux monsieur dans la personne de Maxime Nemo – nom de plume en fait de Maxime Georges Albert Baugey, né près de Tours en 1888. On ne peut pas trouver trop de références sur ce personnage assez obscur, sans accomplissements notables dans le domaine de l’écriture.
Que c’est quand même de ce Nemo que Cioran parle, je me suis assuré en visitant le blog que son filleul, Patrick Chevrel, lui a dédié.(10) Ici, aux côtés de nombreux données biographiques et détails concernant son activité cullturelle, il relate aussi des circonstances où Cioran s’est trouvé auprès de lui – y compris sur le domaine près de Nantes.
Grâce à Patrick Chevrel (qui m’a généreusement offert des informations exclusives au cours d’un échange de lettres – geste pour lequel je lui dois des remerciements), on peut dire avec certitude qu’il s’agit vraiment de l’ami dont on parle dans les lettres et dans les Cahiers. Quant à la personne de sexe féminin, „l’amie” qui le remplace soudainement dans les lettres à Aurel, l’explication est simple: il s’agit de la femme de Maxime, Yvonne (née Bretonnière) – la propriétaire de facto du domaine, qui continue à hébérger Cioran et son amie après la mort de son mari, en 1975.
On doit préciser que le nom de Nemo n’est pas mentionné par hasard, même si Cioran le fait presque toujours en passant. On peut affirmer à juste titre que Maxime Nemo est, à côté de noms sonores comme Ionesco, Henri Michaux ou Samuel Beckett, l’un des ses meilleurs amis en France. Dans un long interview accordé par Cioran à Jason Weiss en 1983, à la question s’il avait établit beaucoup de relations pendant ses premières années parisiennes, Cioran répond négativement, en soulignant qu’il n’avait pas de connaissances parmi les écrivains, mais plutôt (parmi) des gens qui ne s’occupaient pas de la litérature – ce qui lui paraissait beaucoup plus intéressant. En réalité, il connaissait quelques écrivains et artistes – il est vrai, ni les uns ni les autres trop célèbres. Parmi eux, Maxime Nemo, qu’il avait rencontré peu de temps après s’être établi à Paris et qui allait devenir, entre 1947 et 1975, le sécrétaire général d’une société littéraire dédiée à la personnalité de Jean-Jacques Rousseau. Ce Nemo, autodidacte passionné d’art et des lettres, va l’introduire après la guerre dans le milieu culturel français, en lui présentant des personnalités du Paris de l’époque (11), de sorte que Cioran va écrire, l’été de 1949, à ses parents, non sans une certaine fierté: „J’ai commencé à pénétrer les milieux les plus intéressantes de Paris, de grands écrivains…”(12) L’été de la même année, son Traité de décomposition allait apparaître.
Les circonstances et le moment exact de leur rencontre ne sont pas très claires, mais on a des indices que les deux étaient déja bons amis à la fin de la dernière guerre mondiale. Les informations sur ce sujet sont peu nombreuses. Dans un interview accordé à Norbert Dodille, Simone Boué affirme que Maxime Nemo aurait été présenté à Cioran au Café de Flore, l’un des lieux de rencontre préférés des intellectuels de l’époque, où Cioran passait sa vie ces années-là, en y restant du matin au soir, comme si c’était son emploi; d’une autre part, selon Mircea Eliade (qui arrivait à Paris venant de Lisbonne, en 1945), Nemo leur aurait présenté de nombreuses personnalités culturelles du moment – écrivains, peintres, hommes de théâtre, qui fréquentaient le célèbre café parisien Aux Deux Magots.(13) Il est certain que Cioran et Nemo allaient maintenir ensuite une longue relation d’amitié, dont témoignent les frequents séjours du roumain de Rasinari, accompagné par Simone, dans la maison située à dix kilomètres de Nantes et aussi des vacances passées avec Maxime et sa femme Yvonne à Dieppe (où Cioran cherchait souvent refuge devant le tumulte parisien), ou à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (où vivait la mère de Simone).
Quant aux vacances de Cioran passées avec Simone à Cré, Patrick Chevrel m’a offert beaucoup de détails, quelques uns d’ordre anecdotique – par exemple, des balades à bicyclette au bord de la Loire, des parties de pêche, ou de longues conversations sur Valéry, Mallarmé ou la philosophie allemande; mais tenant comte du fait que le filleul de Nemo avait à ces temps-là un âge assez tendre, ces souvenirs n’ont pas un support très solide.
Notons quand même que l’amphytrion à l’air de patriarque recevait ses amis avec une chaleur extraordinaire. Affable et chaleureux, il organisait de vrais banquets avec de nombreux convives à son manoir placé à l’ombre d’un séquoïa géant . Au cours de ceux-ci des discussions animées se déroulaient, Cioran ne partageant pas tout à fait les enthousiasmes littéraires de Nemo – particulièrement en ce qui concernait J.-J. Rousseau. Cela ne l’a pas empêché de rester son fidèle ami; jusqu’à accepter d’être son témoin , à côté d’un certain Gilbert Houel, au mariage civil avec Yvonne, en 1968, à la mairie du XIème arrondissement de Paris. Nemo avait alors 80 ans et vivait avec Yvonne depuis plus de 30, leur tardif mariage étant probablement imposé par la nécessité d’arrangements d’ordre successoral. Parce que voilà ce que dit Cioran dans une note datant de 1970, sur M. N. (les initiales de Nemo): „Il a vécu toute sa vie dans l'illusion; la maladie est venue : il ne sait pas comment s'en accommoder, il l'escamote, ou réagit à son égard avec des caprices de vieille coquette. II m'a dit: «J'ai assez vécu.» Sur le coup, il était sincère, mais j'ai senti qu'il n'était pas encore assez mûr pour un tel aveu, qu'il eût aimé ne jamais proférer.” (14) Nemo était donc assurément malade au moment du marriage; sept ans plus tard, Cioran accompagne son ami le long de son dernier chemin, vers le cimetière Père Lachaise, la tombe de celui-ci se trouvant pas loin de celle de Chopin. En 1990 Cioran, très agé et affaibli lui-aussi, sera obligé d’assister aussi à l’enterrement d’Yvonne; Simone se trouvait sans aucun doute avec lui, car les deux femmes avaient été inséparables.
Maxime Nemo a été un homme modeste et philantrope toute sa vie, enthousiaste créateur de sociétés et associations littéraires. Cela se voit dans le choix de son pseudonyme littéraire: en latin nemo signifie nul, aucun, un individu insignifiant, pendant qu’en grec il a le sens de distribuer, partager avec des autres.(15) Il connaissait ses limites et ne faisait pas grand cas de sa personne; mais il était extrêmement généreux avec ceux qu’il admirait, gens de lettre et artistes qu’il rassemblait autour de lui – non pas sans avantage, puisqu’il tenait la conversation en grande estime, étant lui-même un bon orateur. Quant à sa relation avec Cioran, on a des raisons à supposer qu’il l’a aidé financièrement aussi (16), vu que le dernier vivait pendant sa période „estudiantine” parisienne de sa bourse, se trouvant forcé après la guerre d’appeller à l’aide financière des amis généreux comme Nemo.
Il est à souligner l’idée que ces amis anonymes et bienveillants ont joué un role majeur dans sa vie – même si ce n’est que sans leur appui l’existence d’apatride sans revenu constant de Cioran à Paris aurait été sinon impossible, assurément beaucoup plus difficile. Il n’est pas moins vrai qu’à son tour, l’auteur des Exercices d’admiration a su accorder une grande valeur à ces amitiés; sauf que son admiration a été exprimée de vive voix plutôt qu’en écrit…

Notes
1. „Demain je pars pour une semaine près de Nantes, chez une amie, qui a une belle maison avec jardin et où je vais chaque année.“ (lettre à Aurel Cioran, dans Scrisori către cei de-acasă, Bucureşti: Humanitas, 1995, p. 184).
2. Ces détails, comme beaucoup d’autres de ce genre, regardant la maison du domaine de La Crétinière, je les ai appris de Patrick Chevrel, filleul de Maxime Nemo.
3. Caiete (Cahiers), Bucureşti: Humanitas, 1999, vol. I, p. 234.
4. Scrisori către cei de-acasă, p. 64.
5. Caiete, vol. II, p. 342.
6. Ibidem, vol. III, p. 191.
7. Ibidem, vol. I, p. 234.
8. Scrisori către cei de-acasă, p. 93.
9. Ibidem, p. 157.
10. Le blog de Patrick Chevrel peut être trouvé sur l’internet à l’adresse:
http://maximenemo.over-blog.fr
11. Parmi les nombreux écrivains que Maxime Nemo a fréquenté on peut compter Georges Duhamel, Louis Aragon, Jules Romains, Tristan Tzara, Jean Paulhan, André Gide, Jean Richard Bloch et Teilhard de Chardin.
12. Scrisori către cei de-acasă, p. 32.
13. Eliade le décrit dans son journal de 1945 comme le „sympatique Maxime Nemo”, qu’il avait visité avec Cioran à Montmorency, dans les environs de Paris.
14. Caiete, vol. III, p. 191.
15. „Nemo“ était en réalité un surnom donné par son père adoptif, Georges Albert Baugey, que Maxime a gardé comme nom de plume.
16. En septembre 1946, Cioran écrit à ses parents: „Un ami m’a donné de l’argent et j’espère qu’il continuera de m’en donner. Il est un homme généreux, qui par surcroît m’invite souvent au dîner avec des gens très bien. La seule faveur qu’il me demande en échange est de soutenir… la conversation, où je me crois vraiment habile. Si j’étais un esprit taciturne, je serais depuis longtemps mort d’inanition¨. (Scrisori către cei de-acasă, p. 18-19). On peut supposer sans risque de se tromper qu’il s’agit du même généreux Nemo, qui en ce temps-là avait une propriété à Montmorency, près de Paris.

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 19:00

Un prieten al lui Cioran: misteriosul domn Nemo

Alexandru Seres

article paru dans la Revue APOSTROF ( Janvier 2015 )Traduction françaisen en cours.




          În scrisorile trimise în anii ’70 fratelui sau Aurel, Cioran pomeneste în mai multe rânduri de o frumoasa proprietate de lânga Nantes, unde merge aproape în fiecare vara, timp de câte 10 zile, la un prieten. Despre felul în care îsi petrece acolo timpul nu aflam decât un singur lucru: ca îi face o deosebita placere sa lucreze în gradina – sapa, pliveste buruieni, planteaza. Cât despre identitatea acestui prieten, care îi pune cu generozitate la dispozitie nu doar casa, ci si gradina, nu sufla nicio vorba. Nu ne spune nici în ce împrejurari l-a cunoscut pe amicul sau si nici carui fapt se datoreaza generozitatea acestuia – mana cereasca pentru Cioran, care, nedispunând de prea multi bani, nu-si putea permite vacante costisitoare. Pentru ca misterul sa fie complet, spre sfârsitul anilor ’70, acest prieten e înlocuit pe neasteptate în relatarile sale despre vacantele de lânga Nantes de o persoana de gen feminin, pe care Cioran o desemneaza din nou, la fel de misterios, doar cu apelativul „prietena“.1
          Din însemnarile facute în perioada respectiva în Caietele sale, aflam câteva indicii cu privire la acest personaj, caruia însa Cioran nu-i dezvaluie numele întreg, vorbind generic doar de „familia Nemo“. Ne spune însa si locul în care se afla casa de lânga Nantes: e vorba de La Crétinière (numit alternativ si Cré – probabil o prescurtare). Prima însemnare e din 1967 si se refera doar la casa din Cré (de fapt un conac, caruia vecinii îi spuneau castel, înconjurat de un domeniu întreg, fosta resedinta a unui unchi al lui Victor Hugo2): „De la 18 la 28 iulie, la Cré, la familia Nemo. Sedere de neuitat în cea mai desavârsita casa în care am stat vreodata“.3 Apoi, dupa ce în vara lui 1968 îi scrie fratelui sau ca a fost „pentru doua saptamâni în vacanta la niste prieteni, care au o gradina mare“4, îsi noteaza la începutul lui septembrie: „Zece zile minunate la familia Nemo, la Crétinière […]“.5
          Urmatoarea referire la acest loc de sejur anual al lui Cioran e din 1970 si aduce cu sine un amanunt important: „27 iulie. O saptamâna la proprietatea familiei Nemo, lânga Nantes. Ideea de fericire este inseparabila de ideea de gradina“.6 Asocierea gradinii cu fericirea este o mai mult decât evidenta trimitere la Eden; ea nu e însa defel gratuita, caci în aceasta gradina, cât se poate de concreta, Cioran desfasoara de dimineata pâna seara activitati foarte terestre, dar care îi produc o mare satisfactie.
          Chiar de la prima însemnare despre La Crétinière, cea din 1967, Cioran noteaza descoperirea noii sale placeri, gradinaritul, caruia îi contrapune corvoada muncii intelectuale: „Zece zile de gradinarit. Oricum, mai bune decât zece zile de biblioteca. Între datul cu sapa si cititul prin terfeloage, alegerea mea e facuta. În plus, prefer sa mânuiesc o sapa decât un condei“.7 Mai mult, în iulie 1971, pasiunea sa horticola îi provoaca accente nostalgice si dezavuarea conditiei sale de intelectual, astfel ca îi scrie lui Aurel: „Am muncit cu bratele timp de zece zile la un prieten. E singurul lucru care ma satisface pe deplin. [...] pentru mine, de fiecare data când am prilejul sa lucrez ceva cu bratele, e parca m-as întoarce în copilarie. Nu eram facut sa ajung un intelectual. Ce decadere! Mai bine m-as fi facut lacatus“.8 Si din nou, în august 1977, cu si mai multa convingere: „Eu eram facut pentru viata la tara. Munca intelectuala este o erezie“.9 Este desigur si ironie, dar si o usoara doza de cabotinism în aceste declaratii. Însa placerea pe care munca fizica i-o provoaca lui Cioran e cât se poate de reala. De altfel, atât în locuinta sa din Paris, de pe Rue de l’Odéon, cât si în mansarda cumparata la Dieppe, cel mai mare stilist în viata al limbii franceze mestereste de zor, ori de câte ori se întâmpla sa se înfunde chiuveta sau e nevoie sa fie reparata clanta.
          Dar sa revenim la Nemo, prietenul care îl gazduieste în fiecare vara la domeniul sau de lânga Nantes. O investigatie mai amanuntita mi-a permis sa-l identific pe acest misterios domn din misivele si însemnarile lui Cioran în persoana lui Maxime Nemo – de fapt nom de plume al lui Maxime Georges Albert Baugey, nascut lânga Tours, în 1888. Prea multe referinte nu sunt de gasit despre acest personaj destul de obscur, fara realizari notabile în domeniul scrisului. Ca totusi despre acest Nemo vorbeste Cioran, m-am încredintat vizitând blogul pe care i l-a dedicat finul sau, Patrick Chevrel.10 Aici, alaturi de numeroase date biografice si amanunte privind activitatea sa culturala, sunt relatate si câteva împrejurari în care Cioran s-a aflat alaturi de el – inclusiv pe domeniul de lânga Nantes. Gratie lui Patrick Chevrel (care mi-a oferit cu generozitate unele informatii exclusive, în cadrul unui schimb de scrisori – lucru pentru care îi datorez multumiri), putem spune cu certitudine ca acesta este prietenul despre care e vorba în scrisori si în însemnarile din Caiete. Cât despre persoana de sex feminin, „prietena“ care îi ia pe neasteptate locul în scrisorile catre Aurel, explicatia e simpla: e vorba de sotia lui Maxime, Yvonne (nascuta Bretonnière) – proprietara de facto a domeniului, care continua sa-i gazduiasca pe Cioran si pe prietena sa si dupa moartea sotului ei, în 1975.
          Trebuie spus ca numele lui Nemo nu e pomenit întâmplator de Cioran, chiar daca o face mai mereu en passant. Putem afirma cu toata îndreptatirea ca Maxime Nemo este, alaturi de nume sonore ca Ionesco, Henri Michaux sau Samuel Beckett, unul dintre prietenii sai cei mai buni din Franta. Într-un lung interviu acordat de Cioran lui Jason Weiss în 1983, la întrebarea daca îsi facuse multe relatii în timpul primilor sai ani parizieni, Cioran raspunde negativ, subliniind ca nu avea cunostinte în rândul scriitorilor, ci mai curând oameni care nu se ocupau cu literatura – ceea ce i se pare mult mai interesant. În realitate, cunostea câtiva scriitori si artisti – e drept, nici unii, nici altii prea celebri. Printre ei, Maxime Nemo, pe care l-a întâlnit la putin timp dupa stabilirea sa la Paris si care avea sa devina, între anii 1947 si 1975, secretarul general al unei societati literare dedicate personalitatii lui Jean-Jacques Rousseau. Acest Nemo, un autodidact pasionat de arta si litere, îl va introduce dupa razboi în mediul cultural francez, facându-i cunostinta cu personalitati ale Parisului din acea vreme11, astfel ca Cioran le va scrie în vara lui 1949 parintilor sai, cu oarecare mândrie: „Am început sa patrund în mediile cele mai interesante din Paris, mari scriitori...“12 În toamna aceluiasi an, avea sa-i apara Tratatul de descompunere.
          Împrejurarile si momentul exact al întâlnirii lor nu sunt foarte clare, dar avem indicii ca cei doi erau deja buni prieteni la încheierea ultimului razboi mondial. Relatarile în acest sens sunt putine. Într-un interviu acordat lui Norbert Dodille, Simone Boué afirma ca Maxime Nemo i-ar fi fost prezentat lui Cioran la Café de Flore, unul dintre locurile predilecte de întâlnire ale intelectualilor vremii, unde Cioran îsi facea veacul în acei ani, stând zilnic de dimineata pâna seara, de parca ar fi fost la serviciu; pe de alta parte, potrivit lui Mircea Eliade (care sosea la Paris, venind de la Lisabona, în 1945), Nemo le-ar fi prezentat celor doi numeroase personalitati culturale ale momentului – scriitori, pictori, oameni de teatru, care frecventau celebra cafenea pariziana Les Deux Magots.13 Cert e ca Cioran si Nemo aveau sa pastreze dupa aceea o lunga relatie de prietenie, marturie stând frecventele sejururi ale rasinareanului, însotit de Simone, la casa situata la 10 kilometri de Nantes, dar si unele vacante petrecute împreuna cu Maxime si sotia sa Yvonne la Dieppe (unde Cioran se refugia adesea din fata tumultului parizian) ori la Saint-Gilles-Croix-de-Vie (unde locuia mama Simonei).
          Cât despre vacantele lui Cioran petrecute împreuna cu Simone la Cré, Patrick Chevrel mi-a oferit numeroase amanunte, unele de ordin anecdotic – spre exemplu, excursii cu bicicleta pe malul Loirei, la partide de pescuit, ori lungi conversatii despre Valéry, Mallarmé sau filozofia germana; însa cum finul lui Nemo avea la data respectiva o vârsta destul de frageda, aceste amintiri nu au un suport foarte solid.
          Sa notam totusi ca amfitrionul cu figura de patriarh îsi primea prietenii cu o ospitalitate iesita din comun. Afabil si calduros, organiza adevarate banchete, cu numerosi convivi, la conacul sau aflat la umbra unui gigantic arbore sequoia. În timpul acestora aveau loc adesea aprinse dezbateri, Cioran neîmpartasind întru totul entuziasmele de ordin literar ale lui Nemo – mai ales în ceea ce-l priveste pe J.-J. Rousseau. Acest lucru nu l-a împiedicat sa-i fie prieten fidel; într-atât, ca a acceptat sa-i fie martor, alaturi de un anume Gilbert Houel, la casatoria civila cu Yvonne, în 1968, la primaria arondismentului XI din Paris. Nemo avea atunci 80 de ani si traia cu Yvonne de peste 30, casatoria lor târzie survenind probabil doar în vederea unor aranjamente de ordin succesoral. Caci iata ce scrie Cioran, într-o însemnare din 1970, despre M. N. (initialele lui Nemo): „Toata viata a trait în iluzie; a venit boala: nu stie cum s-o suporte, o ascunde sau reactioneaza la ea cu toane de batrâna cocheta. Mi-a zis: «Am trait destul». În clipa aceea, era sincer, dar am simtit ca înca nu era destul de copt pentru asemenea marturisire, ca i-ar fi placut sa nu o faca niciodata“.14 Nemo era deci cu siguranta bolnav la momentul casatoriei; sapte ani mai târziu, Cioran îsi însoteste prietenul pe ultimul drum, la cimitirul Père Lachaise, mormântul acestuia aflându-se nu departe de cel al lui Chopin. În 1990, Cioran, el însusi foarte în vârsta si slabit, va fi nevoit sa asiste si la înmormântarea Yvonnei; alaturi de el s-a aflat, cu siguranta, Simone, caci cele doua femei fusesera prietene de nedespartit.
          Maxime Nemo a fost toata viata un om modest si un filantrop, entuziast creator de societati si asociatii literare. Lucrul acesta se vede si în alegerea pseudonimului sau literar: în latina, nemo înseamna nimeni, un om insignifiant, câta vreme în greaca el are sensul de a împartasi, a împarti cu altii.15 Îsi cunostea limitele si nu facea parada de persoana sa; dar era deosebit de generos cu cei pe care îi pretuia, oameni de litere si artisti, pe care îi aduna în jurul sau – nu fara folos, caci punea conversatia la mare cinste, fiind el însusi un bun orator. Cât despre relatia sa cu Cioran, avem motive sa presupunem ca l-a ajutat si financiar16, acesta traind în perioada „studentiei“ sale pariziene din bursa, dar fiind nevoit sa recurga dupa razboi si la sprijinul material al unor prieteni generosi, asemenea lui Nemo.
          E de subliniat faptul ca acesti prieteni anonimi si binevoitori au jucat un rol major în viata sa – fie si pentru ca, fara sprijinul lor, existenta de apatrid fara vreun venit constant a lui Cioran la Paris ar fi fost, daca nu imposibila, cu siguranta mult mai dificila. Nu e mai putin adevarat ca, la rândul sau, autorul Exercitiilor de admiratie a stiut sa puna pret pe prietenia lor; doar ca si-a manifestat recunostinta mai mult prin viu grai decât în scris...

Note
1. „Mâine plec o saptamâna lânga Nantes, la o prietena care are o casa frumoasa cu gradina si unde ma duc în fiecare an“ (scrisoare catre Aurel Cioran, în Scrisori catre cei de-acasa, Bucuresti: Humanitas, 1995, p. 184).
2. Aceste amanunte, ca si multe altele de acest gen cu privire la casa de pe domeniul La Crétinière, le-am aflat de la Patrick Chevrel, fin al lui Maxime Nemo.
3. Caiete, Bucuresti: Humanitas, 1999, vol. I, p. 234.
4. Scrisori catre cei de-acasa, p. 64.
5. Caiete, vol. II, p. 342.
6. Ibidem, vol. III, p. 191.
7. Ibidem, vol. I, p. 234.
8. Scrisori catre cei de-acasa, p. 93.
9. Ibidem, p. 157.
10. Blogul lui Patrick Chevrel poate fi gasit pe internet la adresa: http://maximenemo.over-blog.fr
11. Printre numerosii scriitori pe care Maxime Nemo i-a frecventat se numara Georges Duhamel, Louis Aragon, Jules Romains, Tristan Tzara, Jean Paulhan, André Gide, Jean Richard Bloch si Teilhard de Chardin.
12. Scrisori catre cei de-acasa, p. 32.
13. Eliade îl descrie în jurnalul sau din 1945 drept „simpaticul Maxime Némo“, pe care l-a vizitat împreuna cu Cioran la Montmorency, în apropiere de Paris.
14. Caiete, vol. III, p. 191.
15. „Nemo“ era de fapt o porecla data de tatal sau adoptiv, Georges Albert Baugey, pe care Maxime a pastrat-o ca pseudonim literar.
16. În septembrie 1946, Cioran le scrie parintilor: „Un prieten mi-a dat bani si sper ca va continua sa-mi dea înca. E un om generos care în plus ma invita foarte des la masa cu lume buna. Singurul contraserviciu [pe] care mi-l cere e sa sustin... conversatia, unde cred ca sunt realmente priceput. Daca eram tacut din fire, muream demult de foame“ (Scrisori catre cei de-acasa, p. 18-19). Putem presupune fara riscul de a gresi ca e vorba de acelasi generos Nemo, care în acei ani avea o proprietate la Montmorency, în apropierea Parisului.

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19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 19:56

De ces années nantaises, je garde en mémoire ces balades à bicyclette entre les demeures voisines de la Crétinière bâtie en 1799 ( prononcer crestinière car placée sur une crête qui la préserva des inondations de la Loire de 1910) à savoir  la Salmonière, la Meslerie où avait séjourné le Conservateur de Versailles, Gérald Van der Kemp,que Franck Ferrand a surnommé dans son livre chez Perrin : « un gentilhomme à Versailles », la Verrie où vécut depuis la Révolution la famille du réalisateur Denys de la Pattelière.

A 10 kilomètres de Nantes, c’est dans ce havre de paix que Maxime Nemo et sa compagne Yvonne Bretonnière recevaient à la belle saison ses amis parisiens pendant une période de 25 ans de 1950 à 1975.C’est donc de cette période que datent mes souvenirs des passages toujours pittoresques des habitués dont Henri Rollan de la Comédie Française, le musicien et photographe Gilbert Houel, le couple Annie Lebrun et son ami le poète croate Radovan Ivsic, le poète et galeriste Charles Vildrac ou le peintre Charles Picart Ledoux, ou encore le professeur Horst Schumacher (qui comme Cioran retournera à Heidelberg étudier le français pour mieux comprendre la littérature de Rousseau à Proust après Goethe et Schiller), et de nombreux inconnus qui se retrouvaient pour quelques jours ou semaines à la grande table commune. Chacun laissa dans la bâtisse, alors sans wc ni salle de bains ou chauffage central, sa trace : soit une aquarelle, une photographie saisie au soir couchant, un pied de meuble restauré, une fenêtre à isoler, ou même une hypothétique prise de courant malgré les fils électriques en tissu. Le maître de maison prenait un malin plaisir à montrer à ses hôtes, le wc à deux places où il avait inscrit au fusain : « Sans égal à Versailles » ou encore « Si le trône est obligatoire, la couronne est facultative ».montrant là tout son sens de l’humour et ses facilités d’écriture qui n’étaient pas sans plaire à notre adepte des aphorismes. On se plait non sans sourire à imaginer quels dialogues platoniciens, Nemo et Cioran pourraient avoir eu sur ce trône ?Cioran_Alexandrue_Seres.jpeg

Voici ce que dit Simone Boué sur la Crétinière où elle passa avec Cioran de nombreuses années sur le chemin de Saint Gilles Croix de Vie où vivait sa mère.

« II y avait aussi un certain Maxime Nemo, c'était son nom de plume, qui était très séduisant, très beau parleur, qu'on a présenté à Cioran, au Flore. Sa compagne. qui était professeur de mathématiques, avait un manoir dans les environs de Nantes, extraordinaire, complètement isolé, entouré de très hauts murs, au milieu de vignes. On y allait assez souvent l’été, passer huit jours. Cioran était parfaitement heureux, il passait son temps a élaguer les arbres à réparer les murs. II adorait travailler avec ses mains. Pour lui, jardin égalait bonheur ».

Du séquoïa géant qui offrait un ombrage à la maison on partait parfois à bicyclette pour des parties de pêche en bord de Loire et Cioran revêtu d’un kabic marron très en vogue à l’époque et protégé par une capuche lui donnait l’air d’un homme des oasis de Touggourt, ce qui n’était pas sans effrayer les commerçants du village de St Julien dont le pharmacien mycologue et photographe que notre hypocondriaque assumé, harcelait de ses diagnostics imaginaires et effrayait tout à la fois. Je me souviendrais entre autres anecdotes que le coiffeur du bourg lui demanda un jour à l’issue de sa séance de coupe «  Vous les voulez plus longs ?»

Chaque soir, Cioran, qui comme Nemo avait passé une partie de la journée soit en lecture ou en écriture soit en longues causeries sur Valéry, Mallarmé ou la philosophie allemande venait nous divertir au souper alors que les trois maîtresses de maison ma mère Léopoldine, Yvonne compagne de Maxime Nemo, et Simone Boué compagne de Cioran, s’employaient à répondre aux moindres exigences ou caprices de l’illustre visiteur. Même si la table était digne d’un souper à Versailles, les veloutés et gratins ou desserts n’étaient jamais du goût de notre malade qui se découvrait une allergie subite ou une aversion toute fantasmée qui nous plongeait dans des rires inextinguibles.

Les vacances de Pâques étaient aussi l’occasion de partir avec la Simca noire descendue de Paris:  Cinq CV d’abord de 1949, puis Simca Neuf dite "Aronde" de 1961, puis Aronde P60 enfin la Simca 1501 de 1973.C’est avec l’Aronde que nous descendîmes à Lierna au bord du lac de Côme en Italie où nous rejoignirent Emil et Simone ; belle occasion de faire un tour du lac même si je n’en menais pas large pas plus que mon passager quand parvenus au milieu du lac il fallut ramener la barque au rivage…

Des vacances avec Cioran ce sont surtout des parties de bicyclette qui m’ont marquées ici où là entre Meyronne et Rodez.

Des visites parisiennes à Cioran je me souviens que tout enfant je devais gravir les étages pour parvenir au pigeonnier de la rue de l’Odéon  où je découvrais l’univers de l’écrivain comme tant de témoins privilégiés ont pu le décrire et que le documentaire « Un siècle d’écrivains » a bien mis en perspective. Etant à l’étranger pour de 1979 à 1995 je n’ai pu assister à toutes les rencontres qui ont émaillé l’amitié étroite dont témoignent les dédicaces communes échangées ainsi que les courriers des uns et des autres. Certains sont égarés dans le fonds légué par Simone Boué à la Fondation Doucet, d’autres ont du se perdre en Roumanie chez le frère Aurel ou la belle sœur de Cioran. C’est dans ces courriers que se trouve le secret du grand passage de témoin de l’aîné à son cadet : souvenons nous qu’en 1937 Maxime NEMO a déjà presque 50 ans et Cioran qui vient d’arriver avec une Bourse à la Sorbonne n’a que 26 ans et tout à découvrir sur la poésie de Valéry, Malarmé ,sur les philosophes du XVIIIè et sur la Tragédie de Sophocle à Ibsen, ou sur la genèse de la tétralogie de Wagner  que le conférencier hors pair qu’était Maxime Nemo diffusait déjà dans toute la France au sein de son « Ilôt »  petit espace mais libre à de jeunes publics conquis par le charisme du grand homme. Si EM Cioran parla épisodiquement dans ses « cahiers » de cette amitié secrète qui le liait à Nemo , Mircea Eliade, autre compagnon de route avec Ionesco arrivé en France à la même période en parle plus aisément. C’est grâce à lui que nous savons que c’est aux « Deux Magots » le célèbre café parisien avec la Coupole et la Closerie des Lilas, que Nemo leur présenta tout ce que Paris comptait d’intellectuels poètes, romanciers, peintres et hommes de théâtre…Simone Boué elle écrit qu’il s’agit du « Café de Flore » Les historiographes peuvent palier à ces divergences par une étude plus approfondie grâce notamment aux photographies conservées par l’INA ou par la Fondation Doucet.

Alors que NEMO fréquente depuis 1935 la jeune Yvonne Bretonnière fille du maire de Saint Julien de Concelles et de 20 ans sa cadette, qu’il voit en cachette entre ses multiples pérégrinations de ferroviaires , dans les hôtels du bord de Loire, et échange plusieurs milliers de lettres avec la dulcinée. Il devra attendre  33 ans pour pouvoir l’épouser civilement à Paris à la Mairie du XIè en 1968 : les témoins sont évidemment EM.Cioran et Gilbert Houel (1er violon de l’orchestre philarmonique de Radio France)  Une note pour six convives de la « Tour d’Argent » atteste de cette journée mémorable  et copieusement arrosée des meilleurs crus.       

J’ai revu Cioran épisodiquement à la mort de Maxime Nemo en 1975 déjà très affaibli au Père Lachaise, mais déjà plus en 1990 à la mort d’Yvonne Nemo car lui-même vivait une fin difficile qui devait l’emporter en 1995 soit vingt ans après la disparition de son fidèle ami et confident.

Chaque aphorisme largement cité  et chaque hommage qui lui  est rendu aujourd’hui devrait mentionner la part essentielle que joua ce passeur des lettres que fut pour Cioran et Eliade l’homme mûr et discret qui les introduisit dans la tourmente parisienne au sortir des années Trente, celui qui côtoya la Reine Victoria, Sarah Bernhardt, Jean Clarétie ,Henri Barbusse, Henri de Régnier, Carco Colette, Gide, JR Bloch, Le Père Teilhard de Chardin, Lévi-Strauss et tant d’autres… Il s’appelait Maxime NEMO et fut de 1947 à sa mort en 1975 : le très actif Secrétaire général de l’Association Jean Jacques Rousseau dont le siège était à Ermenonville puis rue Ledru Rollin à Paris.

Patrick CHEVREL

Plusieurs sites lui sont consacrés :

http://maximenemo.over-blog.fr

http://patrocle44.free.fr/nemo.html

http://patrocle44.free.fr/nemo/parrain.html

Rappelons les ouvrages de NEMO : Julot gosse de rêve et Un Dieu sous le tunnel (Ed. Rieder-1927) L’homme nouveau JJ Rousseau  et Choix de textes de JJ Rousseau (la Colombe) L’Acte de Vivre (La pensée Universelle 1972)

"Un humanisme constructeur" par Maxime Nemo Bulletin de l'Association Guillaume Budé 1953

Le journaliste Claude Sérillon consacra une longue interview à Maxime NEMO titrée : Rousseau: la paix, la vie - Presse Océan - Juin 1972)

Une biographie complète retrace sa vie et son œuvre : Maxime NEMO (1888-1975) un passeur des Lettres françaises et européennes par Patrick Chevrel. (à paraître)        

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 00:04

Les conférences sur la Tétralogie de R.Wagner par M.Maxime NEMO
Le nombre d'ouvrages qu'a fait éclore la grande personnalité de Richard Wagner est incalculable. On ne peut les avoir lu tous.On connait celui d'Edouard Schuré, un des premiers et des plus enthousiastes glanateurs sur cette question, celui de M. Chamberlain, qui essaye d'envisager tous les côtés d'une nature exceptionnelle, et bien d'autres encore. mais seule une conférence intéressante, bien faite, agrémentée d'exemples judicieusement choisis, peut nous instruire utilement et nous préparer à comprendre et à aimer l'oeuvre grandiose de l'auteur de "la Tétralogie".
On a beau dire que Wagner c'est le passé, que sa grandiloquence a été remplacée par un art plus subtil, plus près de nous, cela ne peut se soutenir que si l'on n'envisage que le musicien, et ce dernier est aujourd'hui compris de tout le monde.
Mais Wagner est aussi poète et penseur. Il est l'artiste universel, le créateur complet, le seul, à mon humble avis, ayant sa raison d'être. je n'admets pas l'opéra auquel ont collaboré plusieurs cerveaux, plusieurs pensées différentes. les oeuvres qu'ils ont créées n'ont pas la durée ni l'unité. Ce sont des idées superposées mais non fondues.
C'est donc ce poète et ce penseur que néglige quelquefois l'amateur simplement musicien qu'il faut connaître et comprendre pour goûter pleinement la grandeur, la beauté et le charme d'une oeuvre colossale comme "la Tétralogie".
La Tétralogie comme certains drames antiques, comprend plusieurs journées. D'abord un prologue, "l'Or du Rhin", où M. Maxime Nemo, qui a entrepris de nous faire connaître en trois conférences Richard Wagner, poète et penseur autant que musicien, voit "la naissance d'un monde de force où le principe de la volonté va se trouver marqué dans la Nature d'abord et transmis au dieu Wotan qui le transformera en désir de puissance (volonté de puissance chez Schopenhauer). le Walhal, demeure des Dieux, maît de ce désir, l'or aussi".
Wotan aperçoit la faute immense que son ambition démesurée lui a fait commettre et il mettra tout en oeuvre pour sauver le monde de l'emprise de l'or.
Dans "la Walkyrie", deuxième journée, Sigmund survient comme sauveur du Monde, représentant terrestre de la volonté de Wotan. celui-ci reconnaît cependant que Siegmund n'est pas "libre", conçu et guidé par lui. Abandonnant l'idée de puissance, il la remplace par celle de renoncement (sommeil de la Walkyrie et adieux de Wotan).
Viennent ensuite "Siegfried", jeunesse du monde, et "le Crépuscule des Dieux" où l'or a accompli son oeuvre néfaste et retourne aux filles du Rhin à qui on l'avait volé.
Tout cela vous paraît peut-être un peu compliqué, un peu obscur. Venez écouter M. Nemo qui vous l'expliquera très clairement, j'en suis convaincu. Aussi je lui cède la parole avec la plus entière confiance.
Edouard PERRIN
Le Petit Méridional du  Lundi 22 janvier 1934

NB: Les disques seront lus sur un pickup prêté par la Maison GROS, 1, Place de la Comédie à Montpellier.

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 18:09

"Le Petit méridional" de Montpellier du Jeudi 25 janvier 1934 p.6
La Conférence de Maxime NEMO sur la Tétralogie de Wagner.
 

 

la Tétralogie constitue un monument gigantesque. Pour l'explorer dans ses derniers recoins, un bon guide est indispensable et sa visite alors n'est plus une fatigue mais un plaisir.
M. Maxime Nemo s'est chargé d'être ce guide. devant un public assez nombreux, composé d'intellectuels, de professeurs, d'étudiants - et surtout d'étudiantes, l'élément féminin dominait dans la salle - et aussi des musiciens, il a, dans un style élégant , choisi et clair, exposé les intentions philosophiques qui ont inspiré à Wagner son oeuvre, aussi colossale par le texte que par la musique. Maxime-Nemo-et-la-Tetralogie-a-Montpellier.jpg
Un disque nous a fait entendre le prélude de "l'Or du Rhin". Pendant soixante mesures il se compose de l'accord parfait de mi bémol sur lequel un bourdonnement croit, petit à petit. C'est l'élément primordial, l'eau, nous explique M. Nemo, les flots du Rhin coulent dans les profondeurs, puis les filles du rhin jouent imprudemment avec le nain Alberich qui, ayant surpris leur secret de gardiennes de l'or, leur enlève ce dernier qui va donner la puissance à son possesseur mais aussi fait entrer le malheur dans le monde primitif.
Les dieux entrent au Walhall par un arc en ciel servant de pont et que souligne un motif musical que nous entendons sur un disque.
Toujours grâce au Pick Up, nous assistons à l'orage musical qui ouvre "la Walkyrie". M. Nemo dans un très beau langage poétique nous racontenles amours de Siegmond et de Sieglende, le frère et la soeur, la colère un peu terre à terre de Fricka, femme de Wotan, qui défend les principes du mariage et reproche à son époux sa protection accordée aux amants incestueux.
M. Nemo déclame ensuite la belle scène du deuxième acte entre Brunchelde et Siegmond, où elle annonce au héros sa mort prochaine. sa diction fort dramatique, est applaudie.
Enfin, pour termner, il nous fait assister aux adieux de Wotan à sa fille Brunehelde et à l'incantation du feu - tout cela reproduit par de bons disques sonorisés au pick up.
En résumé, l'esprit allemand domine cette oeuvre. La volonté de puissance et sa contradiction, le pessimisme de Shopenhauer y sont en antagonisme. M. Nemo nous explique tout cela très nettement.
Aussi a-t-on écouté sans lassitude, tout en admirant la forme chatiée et poétique de sa conférence. Et son succès a été vif.
Edouard PERRIN  Maxime-Nemo-a-Montpellier-copie-1.jpg

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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 12:09

Quoi de neuf ? Péguy ! Publié le 10 octobre 2013 à 11:00 dans BrèvesPolitique Vauseur _ Mots-clés : Cercle Charles Péguy

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures sauces. Surtout quand le pot a cessé de servir depuis longtemps et que la sauce est, elle, d’une recette neuve. Alors que le temps politique se prête aux simplifications les plus extrêmes, que le peuple balance entre un jacobinisme rassurant et un post-capitalisme entêtant, qu’entre les puissances d’argent et les puissances d’Etat toute autre puissance semble avoir disparu, la noble tâche que s’assigne à contretemps le Cercle Charles Péguy, celle de la reformation d’une élite libre pour demain, paraîtra une gageure. Sous le signe des pensées personnalistes, fédéralistes, le jeune Cercle parisien qui reprend l’héritage de celui qui à Lyon il y a cinquante ans fit les grandes heures de la « démocratie-chrétienne », à une époque où ce terme signifiait encore quelque chose, tente de repenser la politique à nouveaux frais, refusant les pseudo-sens de l’histoire qui, de déclins en chocs des civilisation, n’imagine plus la France que sous les espèces d’une coquille de noix ballottée dans les flots de la mondialisation féroce. S’il assume le terme de droite, le Cercle Charles Péguy entend surtout par là qu’il reste plus que jamais à définir, à l’opposé d’une gauche libérale-libertaire et de tous les monstres froids, Etat, argent, technique, que l’époque vénère comme des idoles. Jeudi 10 octobre à 18h30, à la Mairie du Vème arrondissement de Paris, les jeunes gens qui l’inaugureront sous le patronage de quelques figures de la politique ou de l’esprit, feront leurs ces mots de Péguy : « Dans les anciens mondes, sous les anciens régimes, d’autres puissances de force balançaient à la fois et cette puissance de force qu’est l’argent et les puissances d’esprit. Et il y en avait assez, parce que le monde était riche de puissances. Puissances d’armes et surtout puissances de race; puissance du poing, puissance du gantelet, puissance de la dague, puissance de la tradition, elle-même demi-intellectuelle ou spirituelle, puissance de tant de rythmes qui battaient tant de cœurs, puissances de tant de vies qui battaient leur mesure, puissances de tant de corps qui n’étaient point asservis, puissances de la hiérarchie, elles-mêmes demi-intellectuelles ou demi-spirituelles, puissances de la cité, puissances de la commune, puissances civiques, puissances de la communauté, demi temporelles et demi d’esprit, puissance nautique (Athènes) ou puissance de chevalerie, et sur tout puissances de la race, alors les plus fortes de toutes, et les plus belles, puissances réellement dynastiques, dynasties des rois, dynasties des grands, dynasties des gueux, toutes également dynastiques, tout le monde alors était dynaste, une infinité de belles et fortes puissances de force, à la limite toutes temporelles et de là indéfiniment dégradées en puissances qui devenaient en une indéfinité de graduations spiritualisées, une indéfinité de puissances de force ou de demi-force à la fois luttaient ou pactisaient et se combattaient entre elles, et ainsi doublement se balançaient, et à la fois tantôt luttaient contre les puissances d’esprit, ou pactisaient et se mariaient plus ou moins avec elles. Il en résultait dans les anciens mondes et sous les anciens régimes une sorte d’équilibre instable qui était perpétuellement à rétablir, à renouveler, à réinventer, à refaire, mais qui, de fait, se rétablissait, se renouvelait presque toujours, qui réussissait presque toujours à se réinventer. Il se refaisait. » Cercle Charles Péguy, jeudi 10 octobre, 18h30, Paris, Mairie du Vème arrondissement, entrée libre.

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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 22:29
André Gide à Biskra par André Lebert 1893 (Publié dans Cahiers de l'Algérianiste)

NB: Maxime Nemo passera 5 années de 1895 à 1900 à Biskra avec ses parents,soit quelques années après cette scène, mais encore trop jeune, il n'aura pas l'occasion de s'adresser au grand homme comme l'a tenté avec insuccès André Lebert.
Petite histoire d'une réception manquée
Après la guerre, j'avais retrouvé mon poste de jeune administrateur-adjoint à la commune mixte de Biskra dont le bâtiment administratif portait encore l'inscription de l'ancien bureau
arabe — où j'eus le privilège de servir, six années durant — les anciens de Biskra se souviendront bien sûr de l'hôtel Oasis, proche de l'hôtel des Zibans, (résidence autrefois, du Cardinal Lavigerie), situé en bordure des allées de palmiers et de faux poivriers de cette charmante cité, l'ancienne Vescéra — dite Reine des Zibans.
Cet établissement était tenu par un vieil Alsacien, monsieur Schmidt, avec qui j'avais sympathisé, puisqu'issu moi-même d'une famille alsacienne et lorraine. Or, un soir, prenant place à ma table, dans la grande salle du restaurant, je reconnus, à ma droite, l'écrivain André Gide — front très haut, grosses lunettes d'écaille — qui dînait en compagnie de deux dames. J'avais lu tous ses ouvrages sans avoir eu la chance de me trouver en présence du maître. Très ému par cette rencontre imprévue, mon repas avalé à la hâte, je courus à la cité Byr, où nous résidions, pour annoncer la nouvelle à mes collègues ainsi qu'à un médecin de l'A.M.S.(1) féru de littérature.
Et tous de s'exclamer — « quelle chance inespérée
il faut absolument inviter André Gide à prendre le thé et organiser une petite réunion en son honneurchargez-vous donc de cette mission puisque vous avez été l'heureux annonciateur de cet événement ».
Et moi, fier comme Artaban, de me précipiter chez monsieur Schmidt pour lui demander, tout d'abord, si j'avais bien reconnu Gide et non son sosie par hasard...
— « Oui, monsieur — c'est bien André Gide qui se trouvait, hier, dans la salle à manger, avec sa femme et une amie. André Gide descend chez moi depuis très longtemps ; je lui donne toujours la même chambre. Il a écrit ici, un de ses livres (l'Immoraliste ?) ou peut-être à Touggourt...
—« Comment pourrai-je l'aborder pour l'inviter dans notre cité ?»
— « Oh c'est très simple, monsieur Lebert, ce soir, après dîner, vous vous tiendrez dans mon bureau et lorsque mon hôte y viendra, je vous présenterai— aucune difficulté ».
Fort de ces promesses, je les transmis à mes camarades qui se préparèrent à recevoir dignement l'auteur des« Caves du Vatican ». Le lendemain, après dîner, j'étais, vous le devinez, passablement ému dans le bureau de monsieur Schmidt, me préparant à saluer l'hôte illustre par une courte harangue, jugée digne en la circonstance.
Brusquement la porte s'ouvre : André Gide s'avance, très grand, impressionnant, un classique : « Iphigénie en Tauride » sous le bras.Empereur romain, dont il avait la stature, André Gide se retourne me dévisage de haut en bas, sévèrement, derrière ses grosses lunettes. Courageusement, je tente de m'exprimer.
Il échange quelques propos avec le directeur de l'hôtel lorsque celui-ci, me voyant, dit :
— « Monsieur Gide, vous avez ici un ami, administrateur-adjoint, qui voudrait vous saluer ».
Tel un empereur romain, dont il avait la stature, André Gide se retourne me dévisage de haut en bas, sévèrement, derrière ses grosses lunettes. Courageusement, je tente de m'exprimer.
« Maître — mes camarades et moi serions très honorés si... avions cru devoir... votre présence serait pour nous... » mon beau discours ne tient pas devant ce regard de glace et, très troublé, je balbutie quelques mots indistincts.
C'est alors que l'écrivain relève la tête, me fixe d'un regard terrible et répond froidement,
« Monsieur — je suis venu à Biskra pour préserver mes, loisirs — j'entends les préserver — Adieu!» et de pivoter sur ses talons.
Quand j'arrivai, penaud, à la cité Byr, on devine les propos de mes camarades, fort déçus et persuadés que j'avais été un fort mauvais diplomate en l'occurrence. Auraient-ils fait mieux ?
Peu de temps après cette rencontre, il m'a été rapporté, de bonne source, qu'André Gide et ses compagnes passèrent quinze jours aux Ouled Djellal où il fut éblouissant d'érudition et charmant de surcroît...
Félix qui potuit rerum cognoscere causas, comme l'écrivait le vieil Horace.
André Lebert

(1) Assistance médico-sociale

ANDRE GIDE A BISKRA
André Gide au cours d'un voyage en Algérie, en 1893.
Photo : André Gide à Biskra par André Lebert 1893 Petite histoire d'une réception manquée Après la guerre, j'avais retrouvé mon poste de jeune administrateur-adjoint à la commune mixte de Biskra dont le bâtiment administratif portait encore l'inscription de l'ancien bureau arabe — où j'eus le privilège de servir, six années durant — les anciens de Biskra se souviendront bien sûr de l'hôtel Oasis, proche de l'hôtel des Zibans, (résidence autrefois, du Cardinal Lavigerie), situé en bordure des allées de palmiers et de faux poivriers de cette charmante cité, l'ancienne Vescéra — dite Reine des Zibans. Cet établissement était tenu par un vieil Alsacien, monsieur Schmidt, avec qui j'avais sympathisé, puisqu'issu moi-même d'une famille alsacienne et lorraine. Or, un soir, prenant place à ma table, dans la grande salle du restaurant, je reconnus, à ma droite, l'écrivain André Gide — front très haut, grosses lunettes d'écaille — qui dînait en compagnie de deux dames. J'avais lu tous ses ouvrages sans avoir eu la chance de me trouver en présence du maître. Très ému par cette rencontre imprévue, mon repas avalé à la hâte, je courus à la cité Byr, où nous résidions, pour annoncer la nouvelle à mes collègues ainsi qu'à un médecin de l'A.M.S.(1) féru de littérature. Et tous de s'exclamer — « quelle chance inespérée — il faut absolument inviter André Gide à prendre le thé et organiser une petite réunion en son honneur — chargez-vous donc de cette mission puisque vous avez été l'heureux annonciateur de cet événement ». Et moi, fier comme Artaban, de me précipiter chez monsieur Schmidt pour lui demander, tout d'abord, si j'avais bien reconnu Gide et non son sosie par hasard... — « Oui, monsieur — c'est bien André Gide qui se trouvait, hier, dans la salle à manger, avec sa femme et une amie. André Gide descend chez moi depuis très longtemps ; je lui donne toujours la même chambre. Il a écrit ici, un de ses livres (l'Immoraliste ?) ou peut-être à Touggourt... —« Comment pourrai-je l'aborder pour l'inviter dans notre cité ?» — « Oh c'est très simple, monsieur Lebert, ce soir, après dîner, vous vous tiendrez dans mon bureau et lorsque mon hôte y viendra, je vous présenterai— aucune difficulté ». Fort de ces promesses, je les transmis à mes camarades qui se préparèrent à recevoir dignement l'auteur des« Caves du Vatican ». Le lendemain, après dîner, j'étais, vous le devinez, passablement ému dans le bureau de monsieur Schmidt, me préparant à saluer l'hôte illustre par une courte harangue, jugée digne en la circonstance. Brusquement la porte s'ouvre : André Gide s'avance, très grand, impressionnant, un classique : « Iphigénie en Tauride » sous le bras. Empereur romain, dont il avait la stature, André Gide se retourne me dévisage de haut en bas, sévèrement, derrière ses grosses lunettes. Courageusement, je tente de m'exprimer. Il échange quelques propos avec le directeur de l'hôtel lorsque celui-ci, me voyant, dit : — « Monsieur Gide, vous avez ici un ami, administrateur-adjoint, qui voudrait vous saluer ». Tel un empereur romain, dont il avait la stature, André Gide se retourne me dévisage de haut en bas, sévèrement, derrière ses grosses lunettes. Courageusement, je tente de m'exprimer. « Maître — mes camarades et moi serions très honorés si... avions cru devoir... votre présence serait pour nous... » mon beau discours ne tient pas devant ce regard de glace et, très troublé, je balbutie quelques mots indistincts. C'est alors que l'écrivain relève la tête, me fixe d'un regard terrible et répond froidement, « Monsieur — je suis venu à Biskra pour préserver mes, loisirs — j'entends les préserver — Adieu!» et de pivoter sur ses talons. Quand j'arrivai, penaud, à la cité Byr, on devine les propos de mes camarades, fort déçus et persuadés que j'avais été un fort mauvais diplomate en l'occurrence. Auraient-ils fait mieux ? Peu de temps après cette rencontre, il m'a été rapporté, de bonne source, qu'André Gide et ses compagnes passèrent quinze jours aux Ouled Djellal où il fut éblouissant d'érudition et charmant de surcroît... Félix qui potuit rerum cognoscere causas, comme l'écrivait le vieil Horace. André Lebert (1) Assistance médico-sociale ANDRE GIDE A BISKRA André Gide au cours d'un voyage en Algérie, en 1893.
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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 22:11

AVEC ROUSSEAU ET L'HOMME MODERNE
Dans le cadre de verdure et de silence de l'abbaye de Royaumont, si propice à la méditation et aux fructueux échanges d'idées, s'est déroulé, du 28 juin au 3 juillet, un colloque organisé par la commission française de l'Unesco, qu'anime M. Yves Brunsvick, avec le concours de l'Association Jean-Jacques Rousseau. Il s'agissait, à l'occasion du bicentenaire des grandes œuvres de Rousseau, de confronter Jean-Jacques avec notre temps, de rechercher si ses idées, qui ont tant bouleversé son siècle et même le suivant, trouvent chez nous un prolongement et un écho, si, entre ce qu'on peut appeler l'homme moderne, qui épouse plus ou moins son époque, et J.-J. Rousseau, qui fut à la fois de son temps et contre son temps, philosophe et antiphilosophe, on peut discerner des rapports.

Tel était le projet de M, Maxime Némo, qui fut l'initiateur de cette rencontre.

Marxistes et anti-marxistes se sont affrontés

Après quelques exposés introductifs, dont l'un replaça Rousseau dans le Siècle des lumières, dont l'autre montra combien l'existence moderne est peu compatible avec la pratique de cette vie intérieure où le promeneur solitaire trouvait son refuge et sa volupté, les chapitres essentiels - du moins ceux qui avaient été jugés tels - furent abondés successivement au cours de cinq journées d'études et de discussions : sciences et techniques, doctrine politique, idées sociales, idées pédagogiques (1), rapports de l'homme et de la nature, problèmes du langage et de la communication verbale, tous ces thèmes firent l'objet d'exposés parallèles, étant envisagés successivement " chez Rousseau " et " à notre époque ". Méthode sans doute trop symétrique, dont le caractère artificiel n'a pas manqué d'être relevé au cours de la discussion générale, car enfin il est périlleux de trop vouloir prouver, et l'idée directrice de ce colloque, qui était de montrer le prolongement de la pensée de Rousseau dans le monde moderne, parut précisément se trouver contredite par un des conférenciers, qui affirma tout au contraire qu'il y avait cassure entre la pensée politique de Rousseau et la pensée politique de notre temps.

Dans ces sortes d'entretiens il est inévitable que l'on assiste à l'affrontement de thèses ou de tendances diverses, et il ne faut pas le regretter. Ici - comme on devait s'y attendre - marxistes et anti-marxistes se sont affrontés. La contribution des premiers n'a pas été sans intérêt : ils se sont attachés à montrer non point, à proprement parler, qu'il y avait une interprétation marxiste de Rousseau, mais plutôt une méthode marxiste à appliquer à l'étude de son œuvre, et ils ont soutenu que le sentiment de responsabilité que l'individu, dans une société socialiste, éprouve à l'égard du monde était déjà préfiguré dans l'humanisme de Rousseau.

C'est d'ailleurs cet " humanisme civilisateur " de Rousseau qui fournit au professeur Michel Dynnik, membre correspondant de l'Académie des sciences de l'U.R.S.S., le thème de son exposé, au cours duquel il affirma que, compte tenu des évolutions incontestables et de la différence des époques, les " humanistes progressistes " de notre temps reconnaissaient un grand précurseur en celui qui condamna les inégalités sociales, restaura la dignité du travail humain, et notamment du travail manuel, exalta l'esprit civique, flétrit les guerres de conquête et " consacra toute son œuvre à l'affirmation du droit naturel de l'homme au bonheur ". Les ouvrages de Rousseau, dit encore M. Dynnik, sont largement traduits et diffusés en Union soviétique à des milliers d'exemplaires, ce qui atteste le caractère toujours " vivifiant " de la pensée qui les inspira.

Une importante participation étrangère

Aussi bien est-ce, croyons-nous, la participation étrangère qui conféra au colloque de Royaumont la plus grande part de son originalité et de son intérêt. Le professeur Stanciu Stoian, de Bucarest, apporta son fervent témoignage ; nous avons noté la présence d'un Norvégien, M. Tobiassen ; un universitaire américain montra combien la Constitution des États-Unis s'était inspirée, à l'origine, des idées de Rousseau, et je dois signaler tout particulièrement la participation de M. Takeo Kuwabara, de l'université de Kyoto, venu du Japon avec deux de ses collègues, et qui, dans son exposé sur " la coïncidence et l'influence de J.-J. Rousseau en Extrême-Orient ", fit état de trois penseurs, Houang-Tsong-hi (1610-1695), surnommé le " Rousseau chinois " ; Soeki-Ando (XVIIe siècle), apôtre d'un idéal de vie communautaire paysanne qui offre de singuliers rapports avec certaines idées essentielles de Jean-Jacques, et enfin Chomin Nakae (mort en 1901), authentique disciple de Rousseau, dont il fit connaître au Japon et en Extrême-Orient la pensée politique, traduisant le Contrat social en chinois classique. À l'heure même où nous écrivons, des nouvelles qui nous arrivent du Japon nous apprennent que le bicentenaire de Rousseau est célébré dans ce pays avec un éclat qui ne peut manquer de nous toucher. Ajouterai-je que l'Afrique noire d'expression française était présente à Royaumont et qu'un universitaire dahoméen, M. Aguessy, a dit l'importance attachée par la jeunesse intellectuelle africaine à l'héritage de Rousseau et du dix-huitième siècle français ? Et l'Italie parla aussi, par la voix du professeur Della Volpe.

À l'issue de ces cinq journées, il convenait de faire une sorte de bilan et de tenter une synthèse. M. Starobinski, de l'université de Genève, qui en était chargé, s'en acquitta avec talent et du mieux possible. Au fond, ce qui résulte de cette série d'entretiens (beaucoup moins systématiques en réalité que le programme ne le laissait prévoir), c'est l'extraordinaire actualité de Jean-Jacques Rousseau. Il se présente à nous sous les aspects les plus divers, et son œuvre joue sur un nombre considérable de registres. Que l'auteur du Contrat social et des Considérations sur le gouvernement de Pologne soit en même temps celui des Confessions et des Rêveries, les deux ouvrages les plus personnels, les plus intimes, les plus " affectifs " qui aient jamais été écrits, voilà ce que nous ne devons jamais perdre de vue. Or pour bien comprendre Rousseau il faut chercher à le connaître en entier, à le saisir dans sa totalité, car tout se tient chez lui : le rêveur nous instruit sur la nature du contrat social, le pédagogue et le romancier se complètent, et sans doute ne comprendrait-on pas bien celui qui, dans le dépouillement de l'être intérieur, cherchait à cerner et à appréhender le " sentiment de l'existence " si l'on ne se souvenait qu'il se considérait comme banni de la société par cette société même au bonheur de laquelle il était primitivement résolu à se consacrer.

La nature et le contrat

Certes dans les pays occidentaux, ce sont aujourd'hui les écrits autobiographiques de Jean-Jacques qu'on lit de préférence aux autres, et pourtant le colloque de Royaumont a paru porter surtout son attention sur la pensée doctrinale de Rousseau. Cet effort, d'ailleurs, n'a pas été sans fruit : comme l'a fait remarquer avec pénétration M. Starobinski, il a permis de mettre en relief deux pièces essentielles de cette doctrine, l'idée de nature et celle de contrat, et les relations étroites qui les unissent. Toutes deux sont des " commencements " (car Rousseau est l' homme des commencements " : l'état de nature est un commencement idéal dans l'ordre du temps ; le contrat est un fondement idéal dans l'ordre du droit... Restaurant sous une autre forme les privilèges de l'origine, il est en quelque sorte une seconde origine ; la nature sociale du contrat supplée ou relaie la nature primitive. Et de même que Jean-Jacques a imaginé le contrat social irréalisable, de même il a jugé impossible le retour à l'état de nature. En somme, le contrat social serait, comme l'état de nature, une hypothèse idéale, un fait extra-historique...

" Repenser l'homme moderne "

Il n'était pas inutile de préciser ces points de vue. Au demeurant, les questions soulevées et controversées ont été nombreuses, et nous nous bornerons à citer parmi les plus importantes : la place donnée par Rousseau à la notion de raison, le caractère conscient ou inconscient de la " volonté générale ", les conceptions modernes de la démocratie et la démocratie selon Rousseau, le patriotisme et le nationalisme selon Rousseau, et dans quelle me sure celui-ci peut être considéré comme le précurseur des nationalismes modernes (thèse qui fut avancée par l'un des congressistes). Inversement certains problèmes non négligeables ont été presque laissés dans l'ombre: ainsi les rapports de la pensée religieuse de Rousseau avec le christianisme contemporain.

On le voit, si les entretiens de Royaumont ne sont point parvenus à dégager des conclusions définitives, et s'il n'en est point sorti, Dieu merci ! Une motion d'unanimité, si même ils ont fait éclater des divergences, ils n'en ont pas moins eu le très réel mérite de mettre en lumière la richesse de la pensée de Rousseau et surtout sa fécondité. Que, deux siècles écoulés, cette pensée et la personnalité de son auteur puissent susciter, jusque dans des pays lointains, tant de discussions et des controverses encore passionnées, qu'elles soient l'objet de tant de recherches et d'efforts pour les mieux comprendre, qu'elles se prêtent à des explications ou même à des interprétations si variées - voilà qui nous emplit d'étonnement et d'admiration. Et M. Maheu, directeur général de l'Unesco, qui prononça le discours de clôture, eut raison de se féliciter que J.-J. Rousseau nous ait fourni l'occasion de repenser l'homme moderne. Il fit remarquer aussi que ce colloque répondait exactement à l'esprit de l'Unesco, dont la vocation est avant tout d'organiser des échanges d'idées. Plusieurs des problèmes essentiels posés par Rousseau, notamment le problème de l'égalité (entendons aujourd'hui l'égalité entre peuples développés et peuples sous-développés) et le problème de la civilisation, des moyens de l'étendre, de la rendre plus efficace, ou même de la sauver, sont au centre même des préoccupations de l'Unesco. Et ce n'est pas un mince hommage rendu à l'homme qui commença sa carrière en lançant l'anathème contre les arts et les sciences, et contre une certaine forme de civilisation, que de lui avoir demandé d'inspirer de tels entretiens sous l'égide d'une organisation internationale vouée à l'éducation, la science et la culture.
(1) Dans ce domaine, M. Pierre Burgelin apporta une remarquable contribution.

PIERRE GROSCLAUDE

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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 22:03


LE RAYONNEMENT DE J.-J. ROUSSEAU
Article publié dans LE MONDE le  01.07.1957
L'Association Jean-Jacques-Rousseau a pris l'initiative de la commémoration du deuxième centenaire du " retour à la nature " de Rousseau (1756-1956).

La très belle exposition du Musée pédagogique, sur le thème

" Genèse et Rayonnement de l'Émile ", présenta du 17 avril au 15 juin 1956 un remarquable ensemble.

De son côté Pathé-Marconi enregistrait l'œuvre exquise le Devin du village. Enfin un projet de réédition de l'œuvre de Rousseau était étudié.

Cette année le deux cent unième anniversaire du " retour à la nature " vient d'être célébré, sous les auspices des instituts français, à Édimbourg et à Londres, où des expositions ont eu lieu le 14 mai et le 4 juin.

Maxime Nemo, secrétaire général de l'Association, parla de " l'Actualité de Jean-Jacques " et présenta le disque du Devin du village, dont l'audition fut accompagnée d'une projection d'estampes du dix-huitième siècle.

À partir de l'automne prochain de semblables manifestations auront lieu en Italie, en Allemagne et en Scandinavie. Puis, afin de préparer la célébration du deux cent cinquantième anniversaire de la naissance de Jean-Jacques en 1962, l'Association, à l'aide d'une enquête, s'efforcera de définir la nature de l'influence exercée par Rousseau depuis deux siècles sur l'activité humaine.

Adresser toute communication au secrétariat général de l'Association,

160, avenue Ledru-Rollin, Paris (11e). Tél. VOLtaire 63-36.

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