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30 novembre 2022 3 30 /11 /novembre /2022 19:15

Correspondance : Maxime NEMO – Jean Richard BLOCH  1924 – 1945

C'est en rédigeant  la biographie de mon aïeul Maxime NEMO (1888-1975 un passeur des Lettres) que je mis la main sur des dédicaces d'ouvrages de JR Bloch à son grand ami Nemo. Puis est apparue une lettre très personnelle qui devait faire suite à une longue série d'échanges à la fois intellectuels, amicaux et peu à peu pleins de fusions et d'affection.

On ne dira jamais assez combien la séparation du couple Baugey à Aix en Provence sur fond de rancœurs et de drame par avocat interposé, fut un réel cataclysme dans la trajectoire personnelle et professionnelle de ceux qui jusque là avaient cheminé de concert dans des récitals de poésie et des conférences, les amenant à rencontrer la famille Bloch pendant la période heureuse des années 20 à « la Mérigote » près de Poitiers.

J'ai donc consacré un chapitre important sur l'influence décisive que JR Bloch eut sur Nemo l'un né à Paris en 1884 l'autre en Touraine en 1888. 

Il manquait dans cette émouvante évocation les échanges épistolaires de 1924 à 1935 date de la rupture et du vide des archives voulu semble-t-il par  Antoinette Pègues qui dût faire le vide au Montaiguet en Meyreuil chez les Rougier puis de 1935 à 1947 date de la mort de Jean Richard Bloch à 63 ans .

Comme je l'ai précisé il manquait à ces dédicaces et mots espacés la série de lettres entre ces deux amis,  que Daniel Lhérault a bien voulu exhumer des archives de la Bibliothèque Nationale dont il est un fin connaisseur et acteur. Le résultat, sans les réponses hélas de l 'intéressé  qui nous privent de tout un pan de l'histoire littéraire est à glaner dans les biographies et études littéraires  du Groupe d'Etudes Jean Richard Bloch et article du Maitron par Nicole Racine.

Il n'y est pas fait mention du séjour concommitent des deux hommes à Florence en 1913, évoqué par l'un, attesté par l'autre dans de récentes études de M.Trebisch et Isabelle Renard sur l'Institut français de Florence. On sait que Bloch "passa l’année universitaire 1913-1914 à l’Institut français de Florence où il enseigna l’histoire et la littérature françaises. Correspondant en Italie de l’Humanité socialiste, il assista au congrès d’Ancône en avril 1914".
http://www.etudes-jean-richard-bloch.org/spip.php?article29
Maxime NEMO de son côté évoque dans un inédit "Italie terre de l’homme" daté de 1951 un séjour à Florence en 1912 1913 en qualité d’ "étudiant" (il était alors âgé de 24 ans).

Les premiers échanges de Nemo vers Bloch après la guerre de 1914 ont disparu même si les collaborations journalistiques vont  s'intensifier autour de la « culture prolétarienne » avec Marcel Martinet 1887-1944 autre contemporain et ami dans  Clarté avec Barbusse « l'Intransigeant », « L'Humanité » « Monde » puis « l'Effort » avec Bloch enfin « Europe » avec Pierre Abraham fils de JR Bloch. NB Je renvoie aux articles dans ma biographie et mes articles sur moin Blog et la page Facebook sur Maxime Nemo)

Pour revenir à ces trente lettres «  envoyées » de Meyreuil près d'Aix, de Razac en Dordogne, de Nancy, de Troyes ou de lieux improbables, écrites parfois sur une « banquette de train de IIIè classe » elles mentionnent les étapes de longues randonnées au gré des mille conférences données , s'attardant sur les Hôtels et Auberges.

Les premières de 1924 à 1934 sont des suppliques à Bloch pour l'aider à publier chez Rieder ses premiers romans dont « Un Dieu sous le Tunnel »1927  puis « Julot Gosse de Rêve » 1930  (les autres comme « Duel de forces » et « Navire Immensité » restent inédits dans les cartons de l'Histoire)

Une lettre de JR Bloch du 10 septembre 1934 précise que toutes les lettres de Nemo "arrivent bien de Poitiers, Morlaix, Aix et même deux cartes de Fressines et d'Elbeuf et de Varennes et une de Granny ( Louise Bloch) ce qui est très bien".

Pour l'année 1935 Bloch note dans son Agenda : 19 mars: Nemo 1 rue Parrot Hotel Viatov, Mercredi 10 avril Vaillant à déjeuner; Nemo au Parthénon pour Hyménée de Gogol.

De1935 à 1940 l'épaisseur du propos mélange l'anecdotique et la réflexion sur l'engagement des intellectuels dans la foulée de Julien Benda et de beaucoup d'autres. Il faut dire que la menace  qui plane sur une classe politique atrophiée et déconnectée des réalités donne à Nemo une nouvelle vigueur et lui suggère des projets comme une enquête sur la Civilisation ou le lancement d'une Revue ou Groupe de pensée intellectuel vers les jeunes, on sait que ces  « Fêtes de l'Esprit » existent déjà et ont accouché de « l'Ilôt » « petit espace mais libre »

La participation attestée de Maxime Nemo au Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, qui se tint à Paris du 21 au 25 juin 1935, fut un événement et est devenu une légende. Evénement parce qu'il réunit, parmi les 230 participants venant de 38 pays, des écrivains aux opinions diverses, célèbres à l'époque comme plus tard : Aragon, Babel, Barbusse, Becher, Benda, Ernst et Jean-Richard Bloch, Brecht, Breton, Ehrenbourg, Feuchtwanger, Forster, Gide, Huxley, Koltsov, Malraux, Heinrich et Klaus Mann, Mounier, Musil, Nizan, Pasternak, Salvemini, Seghers, Tzara, etc.

 

Quelle réponse le correspondant et « cher ami » de « la Mérigote » apporte-t-il à ces propositions parfois exaltées et brouillonnes ? Elles sembleront à certains des « bavardages » mais prendront tout leur sens dans les lettres que j'ai pu retrouver :

 

De la Mérigote le 9 septembre 1940 puis du 27 rue de Richelieu en date du 17 octobre 1940 ce sont les dernières lettre de Bloch à Nemo, retrouvées par hasard dans le fond de ses correspondances et prennent bien sûr toute leur intensité et leur  valeur.

Elles répondent en effet à celle de son ami datée du 3 septembre depuis Troyes sous les décombres.

On sait par les recherches de Rachel Mazuy que Jean Richard Bloch et sa femme Maguite se réfugient à Moscou dès la fin de cette même année, d'où le silence qui suivra jusqu'à leur retour en 1945.

La lettre adressée à Moscou est sans doute perdue comme les démarches de Nemo auprès de l'Ambassade d'URSS à Paris. (Le fonds russe n'a toujours pas été dépouillé.)

Je n'ai pas retrouvé d'échanges après 1945 et jusqu'à la mort à Paris de JR Bloch en 1947 mais c'est bien le fils, Pierre Abraham qui deviendra l'ami fidèle et qui apuiera tous les efforts de Nemo dans la création de son « Association Jean Jacques Rousseau » née la même année ainsi que pour la publication des articles recensés dans la Revue Europe.

Je livre donc à la sagacité de Daniel Lhérault et Rachel Mazuy ces transcriptions pour une éventuelle publication et des conférences à venir sur ces fragments d'histoire littéraire que certains jugeront bavardages entre « copains » au sens d' « Hommes de bonne volonté »

En cette période de l'entre deux guerres il y en avait encore , mais qu'en est il aujourd'hui ?

 

Montpellier, le 1 décembre 2022

 

Patrick CHEVREL

 

Rappel des articles publiés sur le Blog de Maxime Nemo http://maximenemo.over-blog.fr

et développés sur la page Facebook qui lui est consacrée.

- Comment Nemo a rejoint « Clarté » et « Monde » avec Henri Barbusse

- Maxime Nemo et Marcel Martinet

- Envois autographes de Bloch à Nemo

- La parenthèse strasbourgeoise 1919 – 1920 : professeur de philosophie Université Populaire

- Chapitre 3 : Journal inédit 1925-1941 puis Journal inédit 1940

- Chapitre 11 : les contradictions d'une époque.

- Réflexions sur le désastre 1939

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