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11 mai 2020 1 11 /05 /mai /2020 18:41

Symphonie verbale...

Beethoven pleure - gronde -mugit - triomphe.....

Mon être est porté par les Harmonies !

Oh…...

ces ondes…. ces ondes…. ces ondes qui grondent……….

vais - je sourdre au suprême où se tendent mes nerfs,

que va-t-il éclater dans ma poitrine étroite ?

Des coups de gong - des coups de gong ! sourds comme une mort qui ne voudrait pas être...

Oh torsions qui s'engendrent…. l'une à l'autre enchaînées.

Les harmonies en pleurs tordent leurs cheveux bruns - 

Le vent qui les affronte est semé d'étincelles !

Les cordes affolées pleurent leur désespoir...

pleurent le lourd malheur de l'heure morte et sombre,

ombre qu'ajoute à l'ombre le noir qu'elle illumine;

toutes pleurent au chœur - au chœur vibrant qui meurt...

Comme une étreinte atroce est latente en mon âme...

Je vois les malheurs espacés sur ma route...

ceux de mon propre cœur - liés par le soupçon - aux malheurs rencontrés

les soirs de déroute...

Mes yeux n'ont plus rien de vivant:

ils sont un défilé que peuplent les fantômes...

Lente théorie des êtres affligés:

des femmes… des femmes...des femmes…. pâles

doigts épars…. marchent livides….. tendant les bras…..

des veuves, de mornes veuves…. de la vie exaltant leurs malheurs…..

pleureuses décharnées au bord béant des tombes...

Elles passent… sombres… chantant la Mort - squelettique...à pas lents

…. dans mes yeux qui les regardent…. toutes sombres…. toutes noires.

Ah !!!!!!

ce bras que le voile a démasqué soudain !!!

ce bras ! ce bras ! qui n'est qu'un os - blasphèmant au ciel pâle...

ce bras dont l'humérus dans la lumière

fait un "I" fantastique insultant au ciel blême...

un bras tout droit - tout noir - tout sec

qu'étoilent squelettiques les phalanges sculptées….

Oh les veuves !!!! masques les trous… remplaçant par deux yeux,

qu'ombre qu'orne l'arcade, impeccable et très blanche,

l'os frontal poli comme un destin passé… comme un rêve

Elles passent lugubres en chantant leur voix creuse….

Le cortège est mouvant comme une onde qui roule...

et, macabres, et craquant un bruit de castagnettes

les vertèbres cassantes entrechoquent leurs os……...

J'étouffe !!!! J'implore…. ondes sonores…..

ne brisez pas ce soir tous mes ressorts de vie…..

ondes…..ondes.....dormez dans ma puissance en feu...

j'anéantis mes sens pour échapper à vos torsions furieuses...

Sourd je veux être aux prises fantastiques.

Sortilège !!!!!

le chant se relève en marchant

la scandaison magique a chassé l'ombre close,

un soleil acclamant brille sur les cymbales !!!!

La Lumière !!!!!!!

j'acclame et vibre par l'espace !!!!!

Arbres !.... bruissez au bleu que dore sa clarté !!!!!

effeuillez vous, divins ! aux horizons limpides !!!!

tout est rire… en vos chants inespérés et divins

j'acclame les roseaux qui bruissent au soleil !!!!

Les eaux, les grandes eaux qui rutilent d'or blème !

Espoirs vivants, divins, exaltés d'or liquide 

l'argent des peupliers fourmille de clarté

marchez en tressaillant sur les routes sonores !!!!!

La ville est prise !!!!

Rumeurs, poussière.… éclat !!!

Trompettes !!!! allumez vos couleurs;

rires farouches, frénétiques stridez !!!

de tout l'empire de vos diaphragmes réunis !!!!

A quoi bon la cuirasse offensant la chair vive….

des soies et des velours harmonisés de pourpre !!!

des chevaux piaffant une poussière blonde !!!!

des femmes nues…. des femmes nues !!!!

blanches dans la poussière au devant des chevaux….

avec des gestes lents tout parsemeurs de roses:

pétales balancés dans la lumière - un peu  - 

et faisant sur le sol des coques que l'on foule….

O Clarté !!!!

rutile ! frissonne ! acclame !

change le cuivre en or et l'or en soleil pur !!!!!

pour le triomphe ardent et puissant des vainqueurs !!!!!!!

 

O  Beethoven ! Beethoven !!

Beethoven aux doigts d'argent plus puissant que la VIE ……..

Maxime NEMO  ( Strasbourg , le 1 Aout 1919 )

Illustrations :

Fidelio: opéra de Beethoven au Teatro Colon de Buenos Aires.

Ewald Dülberg "les vierges folles" "Die törichten Jungfrauen“, Glasfenster, 1922 (Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg)

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