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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 22:46

Compagnons d' Enfance par Ottorino COPPETTI BURLA. le 5 décembre 1968

Quelques personnes que j 'ai vues, des années après, quelques amis qui furent célèbres, quelques personnes qui firent après de la figuration sociale, que j'ai vus quand j'étais enfant, presque tous de mon âge.

Deux enfants du sieur Severi, propriétaire du Cinéma parlant, à côté du Théâtre Solís, quand ils étaient enfants de mon âge, je les voyais toujours le dimanche, au cinéma, quand papa nous y amenait (lui était prof de piano qui dirigeait l'orchestre du Cinéma Parlant, vers 1909 je crois.

Quelquefois nous parlions avec les enfants de Severi, un gros, très développé, l'autre plus petit, blond , qui était toujours au premier rang, comme nous.

Plus tard, je leur ai rendu visite quand ils furent devenus adultes . Severi est mort âgé, et avait déjà vendu le cinéma, l'un des premiers de Montevideo à ses débuts.

Daniel Perez, était un garçon qui allait, comme moi, apprendre le catéchisme et se préparait pour la communion, en 1909, dans la résidence des Pères Salésiens, Père Ludovic, Père David, face à l'Eglise des Salésiens. Là aussi étaient d'autres jeunes camarades comme ce Perez.

Voisine de la maison à Canelones 264, il y avait la famille Guarnalusse, dont le fils Luis (Luisito) jouait quelque fois avec nous, dans la véranda, d'autres fois dans la cour, car les deux maisons communiquaient, avec Fito et moi (Luisito était de l'âge de Fito). Il y avait aussi la famille Parodi le (vieux Agustin ) dont les fils José Luis et Juan Carlos étaient très amis des siens, nous jouions toujours ensemble, ou dans leur maison ou dans la nôtre, dans le vestibule de l'immeuble. On se voyait tous les jours. L'aîné devait avoir 11 ou 12 ans, rondelet, brun, le cadet J.Carlos plus mince,maigre, de presque 8 ans . Nous jouions tous les jours, et nous nous tenions en grande affection, nous étions inséparables, et nous nous réunissions avec les autres gamins du quartier.

Mario, qui était plus grand, ne participait pas à nos jeux, quant à Fito le cadet . Itala était amie des filles aînées de D. Agustin Parodi. Ils vivaient deux portes plus loin.

A côté de cette maison, dans un large corridor, vivait la fille Causillas, (María), Esther, très amie avec Itala) elle avait un demi-frère de notre âge très ami aussi avec les Parodi. Nos jeux étaient comme ceux des gamins voisins. Au coin de la rue Yi, vivait un Ricardo Gilardini qui avait plus ou moins le même âge, blond, mince, vigoureux, dans une maison à étages, vers 1910 ou 1912. Dans ce quartier vivait aussi le Colonel Beltrán, dans une maison avec des balcons de marbre ( je crois que cette maison existe toujours) devant laquelle nous passions presque tous les jours en allant à la boulangerie (à l'angle des rues Soriano et Yi) pour faire les courses quotidiennes, ou au magasin. En été nous étions presque toujours sous la véranda de la maison, pour nous retrouver avec les gamins du voisinage. Le quartier était alors très calme éloigné du mouvement, le seul trafic qui existait outre les voitures et jardinières était le bruyant tramway du Nord, tracté par des chevaux vers lequel on allait souvent faire la queue. Presque en face de la maison Parodi se trouvait l'échangeur de ce tramway, et c'est là qu'il attendait l'arrivée du tramway inverse, qui arrivait sur une seule voie, de la partie opposée, pour se croiser. Parfois il amenait le « cuarteador », parce que plus loin il y avait la montée . Le « cuarteador » était un quatrième cheval qui rejoignait les 3 chevaux habituels, formant le quadrige qui tirait le tramway vers le côté en hauteur. C'est pour cela qu'on l'appelait le « cuarteador » ou « cadenero ».

Un autre voisin de la maison fut Arturito Vivas Cerantes,plus petit que moi, parent des Guarnalousse, qui je m'en souviens, était très élégamment vêtu, façon renaissance  comme un prince, avec de longs cheveux blonds bouclés, à la mode de l'époque pour les garçons.

Dans les premières années de l'Université ( Seconde d'enseignement préparatoire) je connus et fus camarade avec de nombreux amis dont la plupart deviendront célèbres comme par exemple le Dr. Alberto Castiglioni, Alberto S.Salvagno Campos, Albino Araujo , Emilio Castiglioni, Arturo Quesada Milàn, Juan P. Brugnini, Juan B Couture, Diego Lamas,etc.... pour lesquels nous avions une grande estime et sympathie. Salvagno et Quesada avaient déjà été mes compagnons et très chers amis, au Lycée Linares  (Rue Uruguay et Yaguarón) en 1910, quand nous nous préparions à entrer en Secondaire . Salvagno était un des lycéens les plus avancés , je me souviens que toutes les semaines on sélectionnait le plus appliqué, qui occupait durant 7 jours une place d'honneur sur les bancs. Salvador l'a occupé de nombreuses fois et avec raison. J'ai eu aussi l'occasion d'occuper la première place , je ne me souviens pas si 2 ou 3 fois, d'un autre côté je n'étais pas le plus appliqué, j'étudiais sans enthousiasme, sans me concentrer  à la maison, mais j’aurais eu la capacité d'avancer davantage si j'y avais mis du mien. J'étais plutôt faible en mathématiques... à l'inverse de mon frère Mario. C'est dans ce Lycée que j'ai connu le Dr. José Maria Estpé, Yamandú Rodríguez, l'auteur de théâtre et poète, qui avait un autre frère dénommé Zapicán ( moins préparé que Yamandú , duquel je n'ai plus entendu parler.)

Du 2ème degré N°9.

A l'école primaire de Soriano et Río Negro ( qui était la Directrice de l'époque? )il y avait l'élève Mario, et moi aussi pendant une année. Je devais avoir 10 ans à 'époque. Je me souviens d'un camarade Atilio Palermo, un drôle de numéro, espiègle, un certain Cabrera medio avec des traits un peu indiens ,mauvais, pervers, cynique, que je détestais car il me vouait une réelle antipathie, et essayait de m'entrainer dans ses perversités. Par hasard, si je ne me trompe pas, nous nous sommes rencontrés maintenant après tant d'années dans la « Ossolana ».où nous jouions toujours à la pétanque ? Il est de mon âge, fut chanteur choriste dans le «  Sodre » etc... retraité à présent voisin de la Ossolana .Nous avons parlé de cela, il se souvenait que j'avais été dans cette école, à la même époque et dans les mêmes classes.

Dans la petite école privée du quartier, dirigée par deux soeurs près de notre maison (Yi et Maldonado) j'étais très petit, quand ils m'on envoyé là pour apprendre les premiers éléments des lettres, je devais avoir je suppose 5 ou 6 ans. Je me souviens de fort peu de choses de cette petite école. La fréquentait, maintenant je le sais, celui qui fut ici Ministre et ensuite Ambassadeur en Italie, Cyro Gambruno.

Dans l'école italienne que je fréquentai de 1906 à 1909, j'ai connu divers bons camarades, qui furent de bons amis sympathiques ; je me souviens de Humberto Zarrilli, mon camarade et ami pour toute la vie, de Donato Chisocchio, le premier de la classe ( moi j'étais le 2è), d' Hector Festorassi, dramaturge ( mort si jeune dans sa 20 année), son frère Antonio Festorassi, également mort très jeune comme Hector de la tuberculose. Luis Bombelli, Luis Capurro que j'ai revu plus d'une fois à Genève, Milan, durant ses voyages),- et bien d'autres, que j'ai revus occasionnellement , parfois ( comme Agusn et Ciacinto Demoti Legros), les frères Bobba ( à Buenos Aires j'en ai rencontré un et Alberto Lucini devenu bijoutier.

A la Unión, je me souviens d'avoir connu Alfonso Aloia qui vivait en face de la bijouterie, une demi- rue avant, son père était tailleur ; je le voyais tous les jours quand il revenait de l'école, en tramway, et plusieurs fois il est venu à la boutique acheter quelque chose. (Juillet 1914) Etaient aussi mes voisins, en face, les frères Elly ( Federico, le cadet) Luisito, l'aîné, les deux fréquentaient la bijouterie pour des réglages, achats etc...bien connus à la Union.

1914-1917 – Camarades de Magnone et de Pippo, tout comme Juan Pastorino, un garçon blond mince, romantique, qui plus tard quand il est devenu adulte, s'adonna au vice, aux courses, dilapidant l'argent . Héctor Pratto, voisin de la Union, vint souvent à la bijouterie et attirait toutes les sympathies ; il était vigoureux, rigolo, dès l'enfance il avait la passion pour le militarisme et fut plus tard officier supérieur dans l'Armée. ; il aimait beaucoup les chevaux, l'équitation, quand je l'ai connu vers 1918 il avait alors 12 ans. Il vivait à 8 de Octubre et Comercio; il fit carrière, je ne l'ai jamais revu.

Juan Carlos Rodríguez, messager de la Western, camarade de Realito ; Magnone me l'avait recommandé pour que je le prenne à la bijouterie, comme employé, affecté aux vitrines etc...en 1918 mais je n'ai pas accepté. E.Magnone, qui était voisin aussi, m'amenait parfois un petit neveu de 4 ou 5 ans, blond, affectueux, qu'il avait dans sa jupe, et me montrait des figurines, contes et qui riait, il s'appelait Leonidas, cachotier, paresseux, mais il était si petit pour être plus  vif. La famille Ramella vivait dans le fond de la maison à l’Union du côté de la rue Larravide. Son fils ainé el Tito (Héctor) en 1917 devait avoir 13 ans, il était toujours le camarade de jeux des enfants qui venaient à la maison. Son petit frère Walter Hispano Ramella, el Toto, 5 ans, était aussi blond comme le Tito.

Dans la maison des Frères Poggi, en face de la maison, au coin de la rue ( où il y a aujourd'hui la Banque «  de la República ») ils avaient un garçon élevé par eux qui leur faisait des courses, un garçon de la campagne, d'une famille humble, et ainsi que Miguel Angel Ottonello, aussi petit commerçant, ils étaient du même âge, ou plus ou moins ; étant amis des enfants de la bijouterie, Pippo avait fini par venir à ma bijouterie et devinrent de grands  amis. Le premier est Luis C. Sosa, qu'ils appelaient maintenant Ciriaco, âgé de 10 ans en 1921, et le second, Miguel Ángel, de famille modeste, qui vivait avec sa mère ( je crois séparée de son mari) et avec une créature élevée à la maison, « el Pena » et le demi- frère de Miguel Ángel (je crois) , « el Queco » , qui venait aussi à la maison et que j revis en 1935 quand je suis revenu à Montevideo en congé et ensuite le jour de l'enterrement de Miguel Ángel, il y a peu.

Un autre de leurs amis, petit, blond, de 12 ans en 1921 avec sa tête rêveuse, romantique, à l'aspect humble, taiseux, qui travaillait dans une confiserie à l’Union  et plus tard au Club Nationaliste pour prendre les commandes des voitures ; un de ses frères, insolent, mauvais, futur grand Commissaire de Police ; ils étaient originaires de Minas. Il s'appelait Ramon Alberto Soccozza, le petit ami des enfants , il venait quelquefois avec nous, mais il était intraitable, bizarre, de mauvais caractère et bagarreur. Personne n'appréciait sa compagnie. Je ne sais ce qu'on a fait de lui. Quand j'étais enfant, je me souviens qu'ils étaient du même âge , que j' admirais les Princes héréditaires de quelques couronnes ; Humberto d'Italie, âgé de 5 ans de moins que moi. ; l'héritier de Belgique, le prince Albert ; le tsarévitch de Russie ; Olaf, prince de Suisse ; l'héritier de Serbie, que l'on disait à moitié fou ; celui qui attirait le plus l'attention par sa beauté, sa prestance, son port majestueux, vraiment souverain, fut le Prince Napoléon, fils de Napoléon III, d'une beauté, altier, sérénité romantique, rare, son portrait (son buste sculptural, connu) est une merveille.

 

A cette époque, quand j'avais 8 ou 9 ans, venaient souvent des portraits d'Italie, de la famille Leoni-Boni, que nous envoyaient toujours les Boni ; sur ceux-ci figuraient sans cesse les trois petits frères Boni, que leurs oncles adoraient , et les faisaient poser infiniment en toute occasion, sur leurs cartes, sur leurs photos ; j'ai appris à les admirer et à les aimer à partir de ce moment- là, avec enthousiasme et admiration ; plus tard quand je suis allé en Italie, j'ai compris tout ce qu'ils valaient, nous sommes devenus amis pour toujours. Ce sont Nello, Nino et Camillo, les trois petits frères de peu de différence d'âge les uns par rapport aux autres, et de mon âge.

Dans les années 1914-1915, quand j'étais à la Bijouterie seulement comme apprenti, je rentrais toutes les nuits à la maison , j'allais chez un soldeur de livres, la Casa Bertani, le fameux éditeur mécène ; là j'achetais une infinité de livres, peu chers, qui furent le noyau de base de ma future Bibliothèque, qui déjà en 1918 à 1924 fut très importante  ( plus de 3000 volumes).

Il y avait dans la librairie Bertani un petit gamin, Antenor qui m'empaquetait les livres et quand je terminais la transaction, souvent tard, nous sortions ensemble car nous prenions le même tramway, le 55, qui m'amenait près de la maison. Chaque fois que je rentrais à la maison , j'entrais en cachette de mes parents, déjà couchés, avec un paquet de livres du soldeur ; j'ai ainsi accumulé mon patrimoine bibliographique. Après avoir acheté la Bijouterie, j'ai continué à aller à la Librairie Bertani, mais sans savoir si les soldes continuaient à cette époque.... A partir de 1918, j'ai commencé à faire venir les livres d'Europe, d'Argentine etc... chaque fois plus abondamment. En peu d'années, en 6 ans, j'ai réussi à réunir 3000 livres bien que je ne nage pas dans l'abondance, économiquement parlant...

J'ai également tout le reste de ma vie, augmenté à un tel point la Bibliothèque, que présentement, en 1968, je possède plus de 10 000 livres et une quantité de revues, opuscules etc....ce qui est peu, si on tient compte également que je n'ai jamais été riche, je n'ai jamais disposé d'argent sinon pour vivre à peine décemment., et cependant les faibles économies, ont toujours été destinées aux livres. Personne ne m'a offert des livres, sinon à des exceptions rares ; tout fut amoncelé à force d'achats personnels.

Francisco Aricidiacono , je l'ai connu enfant, quand le père sculpteur « en bois », voisin de l'oncle Manuel, travaillait pour celui-ci, et peu à peu j'ai rencontré son fils dans l'atelier de meubles de l'oncle Manuel ; là nous nous sommes connus, nous jouions  ensemble et avec Fito les années ont passé et nous nous sommes revus vers 1915/17, quand nous nous réunissions avec Chicchio, Introini, Aricidiacono , et moi et quelques autres ; toujours nous nous voyions les quatre ensemble. Parti pour l'Italie, je n'ai rien su de plus, il s'est marié et j'ai su qu'il était décédé.

Un gamin peu commun, bizarre, Juan Carlos Momplet très ami de M.A Toledo ; je l'ai vu avec eux enfant ; je ne l'ai pas fréquenté sinon de rares fois ; mince, grand, très intelligent, en 1922 quand je l'ai connu il avait 13 ans ; ensuite je n'ai pas su à quoi il se destinait, quand j'étais en Italie, Miguel Ángel Toledo me parlait de lui, il m'a envoyé des photos, il a eu une vie amoureuse, triste, anormale, il m'a écrit un jour qu'il s'est suicidé. Dès l'enfance il était très intelligent, doué, il promettait beaucoup.

Une autre figure connue de la Unión, je ne sais plus à quelle date, Liesack, garçon très beau d'aspect, blond, doux, tendre, il pouvait avoir 14 ans quand je le vis , en 1918, étant très ami d' E.Magnone, ils étaient camarades dans le Telegraph Western, l ; je ne sais rien d'autre d'eux, mais beaucoup d'années après Magnone s'est marié, avec une sœur de Liesack, qui dirigeait l'Agence Correos de la Unión, son frère était médecin, et probablement, c'est le même que j'ai connu enfant, sachant que devenu adulte, il est devenu homosexuel, étant efféminé dès son enfance ; mais je n'ai pas d'autres informations ni ce qu'il est devenu. Je l'ai vu une fois dans la maison de E.Magnone, cousins. Bouchaton également de la Unn, « el Chano » comme ils l'appelaient tous ; je l'ai connu sur la plage de Malvín, en passant ; sa relation ne m'intéressait pas et donc je n'ai pas encouragé nos rencontres et provocations, qui ne me plurent guère ;j'ai travaillé enfant avec Humberto Coppetti comme électricien ; après je ne sais comment il a embrassé la carrière consulaire, étant devenu consul en Argentine ; je l'ai revu peu d'années après, nous sommes devenus amis, par des voies … de la diplomatie que nous avions tous deux en commun ; il fut ministre de l'Uruguay en Chine,  maintenant je ne sais pas où il exerce. Moitié aventurier et, si bien préparé, (il écrit bien, et donna des conférences).il est peu correct et surtout immodeste, orgueilleux. ...
Brunet , de la Unión, petit gosse très beau, aristocratique, aux traits fins, romantique, rêveur et au visage doux ; très aventurier, il fugua jeune abandonnant sa famille pour aller à Rivera, vers la Révolution du Río Grande ; mais il fut recherché, pris pendant quelques jours, par ordre de la Police et a demandé de l'aide à des proches. Je l'ai connu quand il avait 13 ans, un garçon élégant, fin, je le voyais quand il allait à l'école tous les jours , en 1922.

Traduction Patrick Chevrel & Nora Wizokikaminen 

 

 

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