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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 14:00

Chapitre III

Un Journal  inédit (1935 – 1941)

-        « La nouvelle vie »

-        Autour de la revue Europe avec JR Bloch (La Mérigote )

-        Autour de René Gosse à Grenoble (la Villa Bérangère)

-        Un Tour de France malgré tout

-        Nouvelle vie clandestine  

Quel plus beau moment d’émotion pour un chercheur que de se plonger dans la correspondance quotidienne que Maxime Nemo entretiendra avec Yvonne Bretonnière  pendant ses nombreux déplacements en province cependant que sa compagne au gré de ses affectations comme professeur de Mathématiques  après sa sortie de l’ENS de Fontenay aux Roses se trouve à Troyes, puis à Laval, ou à Sceaux et enfin à Paris. Quelle frustration aussi que de ne pouvoir déchiffrer cette écriture irrégulière et capricieuse qui semble suivre les oscillations des wagons et les tressaillements des wagons de troisième ou de seconde classe quand elles ne sont pas écrites d’une plume nerveuse, fiévreuse et saccadée d’une chambre d’hôtel où le rejoint parfois sa dulcinée au gré des vacances scolaires. A la veille de la guerre, il a déjà 50 ans et une vaste expérience de la vie. Les dix huit fascicules de lettres s’étalent de 1935 à 1964 date à laquelle le couple trouvera un répit dans une vie « normale » entre l’appartement parisien de l’avenue Ledru Rollin, les vacances à la Crétinière ou les voyages culturels entrecoupés de conférences, jusqu’à ce qu’intervienne leur mariage en 1968 à la Mairie du XIè, Maxime Nemo a alors quatre vingts ans ! Voici comment il décrit ce moment unique dans la salle des mariages de la République :

 " L'acte s'est passé d'abord dans une absence d'intimité qui énervait quelque peu la conjointe - Une grande salle du XIè où s'entassaient les mariages à célébrer - dont le nôtre était le neuvième ce qui nous permit de voir défiler pas mal de Lopez, Gimenez,  Deratchi et autres Guilioni à tendance ibériques ou latines dont l'apparence attestait une élégance un peu disparate.
Enfin à notre heure si j'ose dire, notre tour est arrivé et en 3 minutes exactement ! Yvonne est passée de son état civil au mien et nous avons signé sur le grand registre en compagnie de nos deux témoins EM Cioran et son amie (Simone Boué)
Après quoi nous avons quitté en douce le reste de l'assistance pour revenir ici commenter l'événement or ! le déjeuner qui nous réunissait à la Tour d'Argent dans une salle et à une table d'où nous jouissions de la perspective de la Seine avec la vue sur l'Ile de la Cité et surtout de la majesté de Notre Dame au milieu de gens qui n'étaient pas là pour nous mais qui nous restituaient ce qui subsiste d'aristocratie sociale - A quelques mètres se trouvait  André Malraux qui ne saura jamais qu'il fut indirectement le témoin de notre mariage. Repas succulent - un peu d'errance ensuite à travers les vieux quartiers de Saint Séverin pour, jusqu'à la fin de la journée passée chez nos amis au 21 rue de l'Odéon au 6è avec comme voyage de noces une vue admirable sur les toits de Paris.
Ainsi ce qui illégalement a débuté il y a 33 ans dans la douce splendeur de la Mayenne arrêta sa consécration légale à la mairie voisine avec pour principaux intéressés : une jeune fille dont vous connaissez l'aspect et un gitan qui a eu la fâcheuse idée de passer de ses cheveux blonds antérieurs aux blancs qu'il affecte à présent
".
 

Mais revenons quelques trente années en arrière, juste après la fabuleuse rencontre…

Nous sommes en 1935, et les conférences vont bon train c’est déjà la XIVè saison de l’Ilôt et le cycle sur la tragédie est parvenue à son quatrième volet sur la Tragédie  Moderne celui de la tragédie de la foi avec une lecture dramatique de Saint Jeanne de Georges Bernard Shaw, « le Molière du XXè siècle » qui la créa le 28 décembre 1923 à New York. La version française  en six scènes et un épilogue que présente Nemo est une version française d’Augustin et Henriette Hamon. Mais rappelons qu’à la fin des années 1920, George Bernard Shaw était avec Pirandello et Jules Romains l’un des trois dramaturges de son temps les plus joués dans le monde.

Mais derrière cette activité intense, Maxime Nemo vit un drame personnel, sa séparation devenue inéluctable d’avec sa première épouse qui l’avait accompagné dans les cycles précédents. Madame Nemo née Pègues demeure au Montaiguet sur les terres du Château Simone à Meyreuil et ne voit qu’occasionnellement apparaître celui qui n’a rien perdu de son charme mais a déjà séduit une certaine Winnie  maintenant une jeune nantaise de vingt ans sa cadette alors en vacances à l’Hôtel des Sables Blancs de Tréboul dans le Finistère où ses lettres arrivent à rythme un accéléré. Les demandes répétées de divorce que Nemo lancera par l’intermédiaire de son avocat resteront lettres mortes et il s’en explique dans les premières pages de son Journal qu’il avait entr’ouvert en 1928 par un roman à faire : « L’isolée » une jeune fille élevée dans un certain raffinement que l’éducation donnée…puis des notes éparses sur l’Individu, la définition de l’amour, un « Connais-toi toi-même » et un essai sur « l’alternance humaine » en date du 17 octobre 1928.

Pour la rentrée de l’Ilôt du  8 au 15 Octobre 1937, Nemo prononce son cycle de conférences sur la Poésie Moderne de Baudelaire à Valéry aux antennes de « Radio Paris » On n’a pas de traces des enregistrements mais on a conservé les CAHIERS DE RADIO PARIS où se côtoient m. Edouard Daladier - m. Paul Reynaud - m. Jean Giraudoux - m. Georges Duhamel - mme Eve Curie - .m André Maurois - m. Paul Valery - m. Roland Dorgelès - m. Paul Langevin - m. Jules Lukasiewicz - Marcel Griaule, Lucien Febvre, Kierkegaard, Paul Rivet, Emile Henriot, Roland Purnal, Célestin Bouglé; on y parle aussi de la Pologne en France - Histoire des idées scientifiques - le tricentenaire de Racine, la bohême littéraire...Ces conférences sont données dans l'auditorium de la Compagnie Française de Radiophonie. Maxime Nemo parlera à la radio en 1949 pour présenter sa nouvelle Association aux côtés d’Edouard Herriot et de Colette puis en 1962 avec Jacques Borel, traducteur de Joyce et prix Goncourt en 1965 et Jacques Ménétrier sur la folie de Rousseau. Archives conservées à Brie sur Marne par l’INA. 

 

L’Eté 1937, Nemo avait retrouvé sa maîtresse à « la Villa Ker Paulo » de Tréboul qu’ils louaient pour quelques semaines mais n’en oubliait pas ses inquiétudes quant à la situation de l’Europe qui se dégradait et qui menaçait l’avenir, d’où cette lettre qu’il écrit le 17 septembre  à  Jules Romains, Président du Pen Club de 1936 à 1941 et qui n’est autre que son contemporain puisque né en 1885 et mort en 1972. La section française du PEN Club a été fondée en 1921 et a été dirigée successivement par Anatole France (1921), Paul Valéry (1924 et 1944)

 A Jules ROMAINS  Président du Pen Club

De Douarnenez (Finistère)     Le 17 septembre 1937

Cher Monsieur,

Je suppose votre pensée pantelante, comme celle de chaque être doté de quelque raison humaine.

Je ne vous croyais pas à ce point chéri des divinités infernales pour avoir le loisir de vivre deux fois en vingt cinq ans la même tragédie. Non seulement, on nous gâte, mais on nous accable.

Mais pour qu’un pareil désastre puisse ainsi se répéter, il faut vraiment que les chances de folie soient devenues comme prédominantes. Et cela implique des responsabilités morales – ou intellectuelles – dont beaucoup nous incombent.

Je pense en ce qui me concerne que ce monde croule faute d’Idées directrices. Notre reculade -constante depuis la fin du XVIIIe siècle – trouve sa conséquence dans ce qui est. Porteurs d’Idées, d’un certain absolu humain, d’une certaine qualité de pensée, nous avons laissé l’empire des Faits s’établir. Voilà le résultat. Certes, nous parlions des Idées, en supprimant leur majuscule d’ailleurs, mais il était entendu que leur réalité dépendait de l’importance que le dieu : Fait, consentait à leur accorder. Comme dans les réceptions officielles, l’Université occupe l’un des derniers rangs, de même faisions nous pour les Idées. « Politique d’abord » ou « Economique d’abord » nous avons tous, plus ou moins « pensé » cela. Si nous persistons dans notre aveuglement, c’est que, décidément, le cerveau humain est mûr pour l’idiotie. En ce cas, une guerre de plus ou de moins a fort peu d’importance.

Pour ma part, je ne crois pas encore à l’irrémédiable déchéance, mais ce qui est à faire est titanesque – sans exagération. Nous ne demeurerons « l’Homme blanc » qu’à cette condition. Je ne pense, sans un certain désespoir, aux hommes qui vont mourir sans découvrir une chance d’équivalence à leur sacrifice.

Hélas ! Nous avons fait tant de révolution – de l’extérieur - que la vie intérieure s’est vidée de sa substance. Y pense-t-on au Pen Club, ou ce club n’est-il qu’un club de plus, un endroit où l’on cause alors qu’il nous faut, demain, des lieux où l’on pense.

Je m’excuse de faire intervenir ma vivacité ! Mais, mis par ma vie en contact avec des foules d’esprits, je suis certain de formuler ici ce que leur angoisse sent.

Et je vous serre la main en vous priant de croire à mes meilleurs sentiments.  Maxime NEMO

Rappelons ici que Jules Romains  s’expatriera aux Etats-Unis et au Mexique pendant la Guerre et fut élu en avril 1946 en son absence à l’Académie Française selon le souhait de De Gaulle et de Duhamel. La XIXè saison de l’Ilôt en 1938-1939 portera justement sur l’oeuvre poétique de Jules Romains avec une lecture dramatique de « la Vie Unanime » et « l’Homme Blanc ». Nemo traitera du lyrisme social et particulièrement de la nécessité du lyrisme dans la vie humaine et des rapports de la Science et du lyrisme. Il proposera une réflexion sur le lyrisme du Groupe et enfin du thème des valeurs du monde moderne à la vie unanime. Jules Romains avait d’ailleurs écrit à Maxime Nemo le 11 décembre 1938 :

« Cher Monsieur,

J’avais déjà été mis au courant de votre activité par les nombreuses coupures que j’ai reçues à ce sujet. Je suis heureux de pouvoir vous remercier directement de l’excellente propagande que vous faites en faveur de mon œuvre poétique. Je vois  que vous continuez votre cycle de conférences, ce qui me fait un grand plaisir. Je serai content, si vous possédez un texte écrit de votre conférence, de le recevoir.

Avec mes remerciements, recevez l’assurance de mes sentiments bien cordiaux.

                                        Jules Romains                                        134 Faubourg Saint Honoré, VIIIè

Nous retrouverons l’Académicien en 1964 dans l’organisation des activités rousseauistes.

Nemo  évoquera a posteriori  en 1942 sa dernière conférence donnée sur Jules Romains : 

«  Le 14 novembre 1938, je parlais à vos camarades, alors élèves dans cet établissement et je leur parlais de « la vie unanime » vaste poème de Jules Romains. Je sentais en effet, à quel point les circonstances particulières et générales, rendaient cette unanimité indispensable.

Depuis, le drame de la guerre et celui de la défaite s’est interposé entre mes paroles et vous. Il me parait superflu que j’ai souffert de la guerre et que la certitude de notre défaite fait naître, en moi, de nombreux tressaillements.

Notre défaite particulière est grave, vous le savez. Ce que nous portons en nous de viril et de fier souffre, non pas d’avoir été vaincus, mais de l’être ainsi que nous le sommes !

Voulez-vous cependant me permettre de dire que cette défaite n’atteint à son intensité qu’à cause de la signification dont elle est l’indice.

C’est, à coup sûr, une chose pénible que de voir un pays ancien comme l’est le nôtre éventré dans sa largeur et sa profondeur par la puissance d’une armée étrangère. Mais si cette défaite n’était que particulière, nous pourrions conserver, en dépit de tant de virilité blessée, une âme encore sereine. La défaite française est bien plus significative ! ou plus exactement, ce n’est pas la défaite qui est symbolique, c’est la guerre elle-même… je veux dire, la guerre faite pour les causes qui ont engendré celle-ci. Cette guerre est la conséquence d’un état d’esprit et cet état d’esprit est, lui-même provoqué par la défaillance de la notion de civilisation.

Ce qui est malade, ce qui, peut-être, meurt, c’est bien plus qu’une nation glorieuse qu’un empire, qu’un continent, messieurs, c’est une raison d’être ! C’est le sens que l’homme avait de sa mission sur la terre, c’est le résultat de trois mille ans de réflexion et d’effort du lent amalgame de rêve et de réalité qui, dans l’histoire humaine a pris ce nom magnifique : l’occidentalisme.

Vous permettez messieurs que je vous considère comme des êtres pensant ! et quoique ce mot ne soit plus à l’honneur depuis 32 mois, vous admettrez , je pense, que je vous considère comme des cerveaux et non seulement comme des mécaniques vivantes destinées à la prolifération, au pullulement. A l’inverse de certaines brochures officielles, je dirai que l’élite se forme lorsque le cerveau pense et si nous avons été vaincus, ce n’est pas parce qu’il existait entre les classes dirigeantes : politiques, militaires, et industrielles ( celles qui conduisent à la guerre parce qu’elles conduisent le pays) il y avait entre ces classes et l’intelligence un véritable divorce, ou plus exactement, il y a beau temps qu’entre elles et la création intellectuelle, il n’existait pas de rapports.

Car tel est le gouffre qui est entrouvert sous nos pas : l’intelligence n’ordonne plus la fonction humaine. Sans nous en rendre compte, et parce que l’évolution s’est accomplie à l’échelle d’un siècle, nous avons banni de la vie sociale ou collective les chances de cohérence ».

A partir de 1939 c’est une courte mobilisation et une drôle de guerre qu’il nous relate de façon humoristique et qu’il passera comme Secrétaire à l’Etat Major dans la 20è Section SEMR à la Caserne Babylone près de l’Ecole Militaire dans le VIIè arrondissement de Paris.

Ce texte évoque la scène qui suit sa démobilisation le 6 mars 1939 avec une poésie et une fantaisie qui n’appartiennent qu’à lui. On reconnaît là l’esprit libre et rêveur qui le caractérise.   

« Il se retourna et vit la cour de la caserne de l’Ecole Militaire avec ses deux ailes tentaculaires qui avançaient vers la grille où un territorial montait la garde, tandis que dans la rue qui la bordait, les hommes encore civils avaient l’air de presser le pas en passant devant elle. Un officier qui avait donné trois signatures sur une feuille qui le libérait définitivement, trois signatures qu’un soldat avait séchées en faisant rouler un buvard dessus ; il avait pris sans hâte sachant bien que c’était son droit, cette feuille qui mentionnait son nom, sa classe, son matricule et l’avait pliée dans un porte feuille tout neuf qu’avant d’entrer, il avait acheté. Puis il était sorti après avoir jeté un coup d’œil au secrétaire d’intendance qui le libérait - l’autre lui répondit : « bonjour vieux et il se trouva dans la cour qui donnait sur la grille qui donnait sur la ville.

Il se retourna et fut étonné de se trouver si différent de ce qu’il était en arrivant.

 Il avait en entrant éprouvé pour les soldats qui soignaient les chevaux en fumant et en crachant par terre cette aversion qu’il témoignait à tout appareil militaire parce qu’il retrouvait toujours des souvenirs de chambrée d’hôpital, de travaux exténuants ou répugnants de voyages accomplis par des itinéraires ignorés sous l’œil soupçonneux des officiers de garde, dans les gares, ou bien encore la sensation de la blessure encore récente que lui laissait ce rappel de la vie retenue dans un souffle au milieu de l’éclatement de projectiles.

Un officier supérieur- raidi par des bottes vernies traversait la cour, il le salua presque ostensiblement, si bien qu’étonné de son insistance l’autre leva la tête et lui rendit son salut.

Puis, enfin, comme le sergent de garde l’examinait scrupuleusement – mais sans l’arrêter cependant – joyeux, il agita la feuille libératrice et ne refoula pas – pour la première fois depuis cinq ans, un terme d’argot militaire que sa mémoire lui proposait. Il lui fallut toute sa maîtrise pour ne pas offrir une cigarette au factionnaire et sur l’avenue, il eut une sensation civile en recevant le soleil sur la nuque –instinctivement, il chercha pour les baisser les bords d’un chapeau qu’il ne portait pas encore.

L’eau courait le long d’un trottoir, une eau d’été qui se sentait utile et allait vite. Il regarda l’avenue qu’il descendait ou qui montait selon le sens du boulevard. Il pardonna aux grands immeubles leur architecture contre laquelle hier encore, il fulminait et sentit, tandis qu’un attelage de maître rythmait sa vitesse  sur le pavé de bois, un air sans prétention sourdre de lui et l’idée qu’une femme entrant dans son cerveau, il se promit une soirée immédiate aux Folies bergères.

Près d’un rond point, un kabyle balayeur de rue, immobilisait une capote bleue dont un seul bouton de cuivre brillait au soleil. Près de lui une bouche d’eau  dégorgeait à petits coups  comme des idées de source. L’homme formait un spectacle immobile, les yeux perdus à la recherche d’un espace  qui lui manquait ou d’une  séguia rafraîchissant quelques basses herbes  au pied d’un mur de terre qui cuisait au soleil, ou d’une touffe de palmiers faisant d’un gris presque tragique  vers la profondeur d’un ciel intense qu’il semblait toucher.

Son balai pendait à ses pieds, le manche en biais sur sa poitrine et retenu par les deux bras croisés. Il s’approcha du kabyle au point que son odeur lui frappa les naines, compta sur sa montre jusqu’à sept minutes et sourit en pensant aux poubelles entassées sur les trottoirs. Un banc mendiait un passant, il s’assit prit son couteau et fit sauter du col de sa capote les chiffres de cuivre qui indiquaient le numéro de son ancien régiment. Une petite note de plus  indiqua son désarmement définitif.  Il se sourit, déboutonna son vêtement et s’octroya un grand revers formellement interdit par l’ordre de cantonnement. Alors il fut joyeux de ses souliers ferrés, de la solidité du drap militaire dont il entrevit la teinte nouvelle et la transposition en vareuse touristique et se prit à rêver à ses vacances prochaines.

Etonné, sa pensée disciplinée par cinq ans d’allers et retours monotones, ne se dirigea pas vers l’Est ou le Nord mais s’orienta vers le Plateau Central, la Corrèze, le Limousin, la Dordogne, vers tout ce qui n’était pas hors de la portée de sa bourse. Vers tout ce qui rappelait le silence, les sources, les petites villes perdues dans un passé grandiose et aspirées par la formule architecturale des mairies, des bureaux de postes, des caisses d’épargne qui lui indiquaient un présent devant le quel  leurs habitants rechignaient encore. Il cherchait à mêler ses habitudes récentes aux visions qui naissaient et à imaginer un coin de dépaysement ou un quartier endormi qui serait un secteur ?, sa maison : une auberge ou une chambre garnie qui serait son PC, des vues fastueuses ou des chemins creux dans lesquels il glisserait en courbant l’échine comme dans les boyaux vers le bois de Près ou la forêt de Passy – ses derniers séjours redoutables – mais l’assimilation ne se faisait pas et une joie de pêcheur à la ligne sur une eau courante ou de rêveur étendu sur un boyau sans morts, éclatait au bout de sa vision au lieu du chuchotement que l’approche des premières lignes propageait jadis parmi des hommes condamnés à la même fin.

Il lui semblait qu’il n’avait qu’à se retourner pour découvrir l’avenir lumineux qui l’attendait comme lorsqu’autrefois dans la petite église de campagne dont il fréquentait les offices, la chaude …… de l’extérieur ensoleillé venait par la porte brusquement ouverte pour la sortie, frapper l’autel naïf où l’encens du sacrifice fumait encore dans les dernières notes d’un chant que l’institutrice libre accompagnait  à l’harmonium.

Il sentait une à une ses angoisses sortir et avec elles la longue anémie dont toute sa vie avait souffert pendant ces années ? Des aubes mouraient en lui, l’exorcisant lentement et il saluait un incendie de plus, celui qui consumait sans arrêt le souvenir des nuits dans les granges dont les courants d’air étaient établis par des trous d’obus et qui indiquaient qu’on se trouvait à 1500 mètres des postes d’écoute d’où des hommes tapis essayaient de saisir l’inquiétude d’en face afin de pouvoir la confronter avec la nôtre.

Le mot « guerre »  s’enfonçait en lui, perdant d’instant en instant  une signification immédiate pour devenir un thème à méditations personnelles ou un sujet de conversation dans les salles d’attente avec un voyageur qui lit le même livre  que vous. Il fut surpris de la vivacité de souvenirs très anciens et qu’il croyait détruits mais qui renaissaient et se présentaient à lui pèle mêle comme des centaines de cartes postales jetées dans une grande boîte. C’était bien pour lui la paix. La fumée des obus retombait enfin sur les morts et les ruines qu’ils avaient causés et maintenant des paysages intacts remontaient sans un mur noirci et sans une tombe habitée.

Follement il descendait cette vallée de la Cèze parcourue autrefois entre la petite station de St Denis près Martel ou – tout soufflant, le train pour Toulouse s’arrêtaient montrant aux portières ses voyageurs déjà fatigués par six cent kilomètres de heurts, de crainte aux aiguilles franchies, d’éclats de rire aux courées qui d’un poussée brusque penchent les voyageurs dans le sens de la marche, du repas froid qui amuse les enfants , de la nuit attendue par le couple de femmes mariées dont les mains nouées provoquent des clignements d’yeux et les réflexions à double sens du voyageur de commerce qui a placé dans le filet sa boîte d’échantillons entourée de moleskine et sanglée par une courroie.

St Denis près Martel, l’attente du seul train matinal vers Aurillac, la préfecture qui reçoit par assaut l’air des Cévennes et par cette petite faim, les fruits qui ont mûri le long de la Garonne ou sur les bords du lot.

Il discernait la gare et le goût du vin blanc que le buffetier apportait dans une petite bouteille qui ne truquait pas, qui était un juste et solide demi litre que le soleil extérieur remplissait d’ambre pâle ; Il se rappelait la carte des chemins de fer et la démarcation très nette établie au moyen de deux traits, l’épaisseur différente entre les wagons à bougies chauffés à la vapeur et éclairés au gaz qui étaient ceux de l’express montant vers Paris ou descendant sur Toulouse et ceux qui acceptaient dix voyageurs au lieu de huit car ils ignoraient la commodité du couloir et ouvraient toutes leurs portières aux bouillottes fumantes qu’un homme d’équipe tenait dans ses deux bras et qu’il poussait devant les jambes refoulées sous les banquettes dans la crainte d’un choc toujours possible.

Il revoyait après la traversée de la plaine fertile où des maisons bravement assises sur le sol avaient cet air particulier aux paysannes enrichies qui devait être celui des matrones romaines- la lente fermeture du sol – l’impression, vraiment, d’une gorge offrant pour ne pas trop effrayer sa cavité buccale large d’abord occupée par des échantillons de rocher, de place en place, en sentinelle, puis après un certain nombre de ces avants postes, la prise brusque dans un tunnel, le tintamarre préparatoire comme si des ordres se  jetaient et la sortie de l’autre côté du rempart  dont la porte est refermée. Et c’était la possession du train par un chao de rocs, d’eau rapide tournant sur elle-même, de verdure s’organisant par bandes ou simplement par touffes, selon la nourriture que le sol lui offrait. La locomotive annonçait les tunnels dans un cri qui faisait envoler les oiseaux de proie, et c’était après des grottes d’ombres de fastes déchiquetures de rochers suspendues au dessus des bouillons de l’eau et que la ligne souvent fendait  en deux, ne leur laissant que le minimum de base  pour équilibrer leur masse. Le train tirait sur les courbes qui gémissaient montrant parfois à son centre la locomotive qui dépensait toute sa vapeur pour arriver à la station lointaine  et seulement composée du seul bâtiment de la gare dominée  de chaque côté par les roches qui heurtaient le plein ciel.

Rarement, des gens montaient ou descendaient, on sentait que la ligne argentait les deux rails  au profit du prestige préfectoral et pour communiquer aux 12000 habitants d’Aurillac la vision du monde qui montait ou descendait à 80 kilomètres d’eux sous l’étroite marquise de St Denis près Martel.

Il s’étira comme fatigué par le voyage que dans sa pensée il venait d’accomplir puis après avoir écrasé du talon les chiffres de cuivre qui luisaient encore, il glissa d’un pas souple vers la ville. Il traversa les Invalides sans saluer les officiers qui passaient, il prit les quais, les trouva jeunes comme lui, reconnut des figures de marchands qu’il n’avait pas vus depuis la guerre, se rappela à leur souvenir tout à fait civil quand l’un d’eux qui le connaissait  lui découvrit une édition originale qu’il vendait cher. Il perdit son temps de boîte en boîte, sans rien acheter, rien que pour se prouver sa liberté reconquise et ne saisit pas une ombre, droite, près de lui, et qui l’observait depuis un instant. Cependant comme une main lui touchait légèrement l’épaule, il regarda, vit un uniforme, un képi brodé d’un rang de chêne.

-«  A quel régiment appartenez-vous donc mon ami ? »

Il eut une explosion de joie libératoire, il sentit une gaieté allègre le traverser et ce fut elle qui répondit dans un sourire qu’il ne chercha pas à comprimer :

- A aucun mon général – car je viens d’être démobilisé. »

Voilà donc notre homme libéré le 6 mars 1939 et déjà on le trouve dans le Finistère à Maner Lac près de Locronan écrivant un texte où réalité et fiction s’entremêlent puisqu’il s’ouvre sur le débarquement à Bordeaux d’un couple qui revient des Iles pour s’installer et élever leur enfant dans ce coin de  Bretagne « où les joies sont différentes et auxquelles ils faudra s’accoutumer » et s’achève sur cette phrase lourde de sens : « Et lorsqu’après, je m’endors, c’est pour constater qu’une fois encore, j’ai oublié l’immédiat destin qui nous menace tous. »

En 1940 il est en province pour ses conférences qui peinent à se mettre en place et Nemo observe : «  dans cette maison aux dimensions prévues pour six personnes, le désastre en avait entassé dix neuf.
La plupart ne se connaissaient pas huit jours plus tôt. Les repas nous réunissaient à la même table autour de laquelle étaient également rassemblés tous les sièges que possédait la maison. Il y avait entre nous cette cordialité obligatoire que l'impossibilité de trouver ailleurs un refuge différent de celui-ci, créait. Les malheurs du temps réalisaient ce curieux assemblage de gens qui mangent ensemble, vivent en commun, sans posséder plus de raison de se fréquenter  que n'en possèdent, en temps ordinaire, les locataires d'un immense immeuble à Paris.
Là se trouvaient, un inspecteur d'Académie, sa femme et leur enfant de cinq ans, alliage de Chérubin et de démon , il y avait un professeur de piano du Conservatoire de Paris, femme aux cheveux blancs aussi doux que le regard, son frère, retraité de la Préfecture de la Seine, deux professeurs de mathématiques, une économe israélite, sa sœur, veuve d'un haut fonctionnaire, leur mère âgée de quatre-vingts ans, et la famille d'une belle soeur venue d'Indre et Loire, enfant, soeur et un jeune homme ami; il y avait enfin la bonne et moi même.   
Cette diversité d'origine, de nature, de goût  se taisait lorsque l'appareil  de TSF nous transmettait quelques nouvelles »
.Peut-être évoque-t-il là,  sa retraite en Mayenne à Courcité où confluaient nombre de réfugiés qui refluaient du Nord de la France, de Paris ou de Normandie…et où ma mère était directrice d’école et secrétaire de Mairie. On comptait aussi quelques réfugiés espagnols qui avaient fui les camps du Midi.   

A Chambéry la même année, il cherche à prendre des nouvelles de ses amis universitaires et la description prend peu à peu un tour dramatique :

9 Mai 1940
« Belle journée, doucement lumineuse. Je suis arrivé à Chambéry après un voyage de nuit des plus pénibles, mais la tendresse de la lumière est, à ce point chaleureuse, qu’en débarquant, ma lassitude est oubliée. Je sens au contraire, surgir en moi, une joie jeune, comme ce soleil printanier. Il est vrai qu’après une absence de quinze jours, je rentre cette nuit à N….. L’unique série de conférences que j’ai pu organiser, cette année se trouvant achevée.
Ce voyage a été réconfortant et, bien que cette série soit brève et isolée, je dois m’estimer heureux d’avoir pu, en une telle période, trouver assez de sympathies fidèles et chaleureuses pour l’organiser….
C’est la guerre, en effet, et nous savons ce que cette expression signifie. Je hais la guerre pour bien des raisons, mais surtout parce qu’elle abolit, nécessairement tout élan spirituel et intellectuel. Il est d’ailleurs profondément moral que le génie destructeur n’ait à utiliser que les déchets de nos qualités spirituelles ou intellectuelles. Ici comme dans ses œuvres pernicieuses, l’homme exige de l’esprit qu’il nie les possibilités de bien et les progrès moraux dont l’esprit doit être l’agent et le principe de cohérence.
J’ai derrière moi une œuvre que la paix m’a permis de réaliser, mais c’est parce que depuis vingt ans, nous profitions d’un court repos, grâce auquel il m’a été loisible de chercher  et de découvrir, à travers la France, les êtres soucieux des améliorations que la vie pensée peut apporter à l’espèce humaine.
J’ai surtout trouvé ces gens dans la vielle Université française et je les ai découverts dans cet endroit du corps social parce qu’il existe souvent chez les gens qui doivent, par fonction, former les esprits, un sentiment de la responsabilité morale qui ne se trouve pas fréquemment ailleurs, au moins, de manière aussi permanente. Ici, en effet, non seulement la fonction humaine est pensée, mais la méthode entre en action et s’incorpore à une vie quotidiennement créée.
Je suis attendu dans cette ville par un groupe d’amis, qui en cette période guerrière sont susceptibles de penser la vie constante, c'est-à-dire, par-dessus l’accident qu’est, heureusement la guerre.
Je dîne ce soir chez Denise Artaud, jeune femme gravement atteinte mais dont l’énergie spirituelle provoque l’ahurissement des médecins qui l’approchent. On pourrait dire que de façon absolument inconcevable, les puissances de la vie intérieure, dominent les possibilités du corps. On sent qu’un feu la brûle et c’est ce feu qui maintient l’équilibre physique, depuis bien des années.
J’ai laissé mes valises au Terminus et marche sur cet asphalte ensoleillé, passant à travers l’ombre des maisons et des arbres. L’air est léger. Il ferait bon prendre la route qui passe devant l’hôtel et marcher droit devant soi, jusqu’à Aix les Bains !
Il y aura un an, jour pour jour, je m’y trouvais avec Winnie, nous avions pris le car ici même et connaissant cette région comme la plupart des belles régions françaises, j’orientais son attention vers les parties du paysage les plus caractéristiques.
Il faisait un soleil d’une splendeur comparable  à celui qui m’inonde en ce moment. Aix était déserte encore mais les fleurs se trouvaient à leur place, l’air frémissait de vertus adorables et jusqu’au moment de la séparation qui eu lieu le soir même, puisque Winnie devait rentrer à Troyes pour ses cours du lendemain, nous avons  promené notre double allégresse d’homme et de femme, unis par des complicités extérieures autant qu’intimes, parmi ces verdures et les notes vives des parterres.
Un an ! La stupidité politique s’est depuis, interposée entre les possibilités du simple bonheur humain ; je reviens seul et ainsi que me disait Winnie, le jour de la mobilisation : « combien de bonheurs anéantis !..»
Ma pensée, tandis que l’enthousiasme su soleil fait revivre tant de chers souvenirs, s’attriste : je connaissais à Chambéry quelques jeunes hommes, professeurs au Lycée ou à l’Ecole technique ; que sont-ils devenus ? La guerre est non seulement une menace d’anéantissement mais une épreuve terrible pour le bonheur, celui que je nomme, le simple bonheur, ce bonheur que la tâche ordinaire : enseigner ou créer (l’enseignement n’est-il pas une création invisible ? ) bien loin de contrarier, renforce. Je pense à eux comme, depuis ce terrible début de septembre, j’ai pensé à tant d’autres ! Ceux la ne vivaient pas automatiquement, parce que la vie est sortie de son mystère pour s’incarner en eux ; leur vie avait un sens, privé et collectif, auquel ma joie était de collaborer : ils devaient former la double conscience des jeunes êtres qui leur étaient confiés, celle du corps et celle de l’esprit. Il ya un an, dans la paix de la vie ordinaire qui suffit si amplement à la nature  de nos esprits, trois de ces jeunes hommes accomplissaient leur simple tâche en cette ville où j’étais venu parler des récentes acquisitions de la poésie française et de Paul Valéry. Le soir, nous nous retrouvions chez l’un d’eux, le seul qui fut marié et dont la jeune femme avait fait préparer le repas pris en commun. Ensuite, dans la petite pièce servant de studio, la conversation s’était prolongée jusqu’après minuit. Ils rentraient tous les quatre d’un voyage fait en Albanie, voyage qui avait épuisé leurs ressources financières en les enrichissant de points de vue nombreux.  Pendant ces heures d’intimité, le pittoresque des choses vues s’était mêlé aux réflexions que suscitaient, dans l’un ou dans l’autre, la situation  générale ou une conception philosophique que l’un de nous faisait intervenir dans le débat. Rose avait parlé d’Alain, moi de Bergson. Reconduit par eux jusqu’à l’hôtel, nous avions encore parlé et ri sous la pureté de ce ciel dont nous apercevions de larges espaces entre les touffes des marronniers aux feuilles placées comme de larges doigts d’ombre entre les étoiles et notre groupe.
Qu’étaient-ils devenus ? La guerre prend cette jeunesse sont on aperçoit lez destin, et la plonge dans la confusion qu’elle engendre. Tout est remis en question comme avant la naissance de l’individu, et, peut-être avant celle de l’espèce ! Sans doute se trouvent-ils sur l’un des  points où la guerre se fait par l’immobilité des armées, placées face à face. Guerre d’usure a-t-on dit ! Guerre de l’Or et de la Matière première ; donc guerre d’épuisement. D’ailleurs quelle guerre moderne n’est pas telle ?  Mais l’épuisement ne touchera pas seulement les réserves matérielles, il finira par atteindre les consciences, cette partie de l’Humanité qui pense l’existence, sans se contenter de la vivre pratiquement. Il faut un minimum de confiance envers la société et ses fonctions pour que la société se conserve, continuant à incarner un autre minimum de vertus civilisatrices. Si le découragement,, né d’une constante négation des chances de bienfaits possibles se répand à travers les esprits les meilleurs que la société possède, nous nous trouverions rapidement sur le bord d’une crise extrêmement grave. Le fléchissement social, constaté au lendemain de la guerre de 14-18 celle qu’on appela « la grande guerre » par dérision je pense, et par une interversion radicale de la valeur de l’adjectif, ce fléchissement tuerait l’esprit de collaboration indispensable à la fonction  éducative. C’est un non sens monstrueux que de chercher à éveiller l’idée de l »’humain  dans les esprits et, du jour au lendemain d’exiger qu’on l’étouffe. C’est d’ailleurs une opération impossible. Sous l’impulsion des forces instinctives, la nature pensante peut momentanément fléchir ; cet oubli des vertus meilleures que l’éducation fait surgir en nous, est momentané.
J’ai fini par trouver la rue que je cherchais, celle où habitait Denise Artaud. Elle n’est pas visible à cette heure mais on mari me reçois et j’ai, avec cet homme simple, bon et amical, un entretien qui m’émeut. Par lui j’apprends quelques détails sur le sort de mes jeunes amis de Chambéry. Aucun ne paraît devoir être immédiatement menacé ; même Sevestre n’est pas mobilisé et dînera avec nous ce soir. J’ai conservé de cet homme un souvenir vivace. Visage sculpté dans les os de la face, sa maigreur serait inquiétante, sans la gaieté de son sourire. Mathématiciens, il me parla un jour  que je le trouvai dans un train à Lyon, des perspectives que faisaient naître en lui la possibilité de dimensions « inexplorées » et entrevues au-delà de la quatrième.  Mon esprit n’est pas ouvert à cette forme d’abstraction ; cependant je percevais par instant comme des résultats possibles et, par conséquent à acquérir. J’ai d’ailleurs toujours constaté qu’il existait une forme de songe identique entre l’esprit mathématique et l’esprit de poésie, au moins lorsque celui-ci accepte de sortir de l’immédiat où la sensation le plonge, pour la dominer, la comprendre et l’achever en pensées.

La conférence n’aura pas lieu. de minimes incidents locaux font que le public n’a pu se réunir à l’heure indiquée.
Avec les quelques personnes présentes, une longue conversation s’engage sur les buts généraux et la nécessité d’un redressement spirituel, les hostilités terminées. Je désigne quelques bases de ce que peuvent être les éléments d’une Raison, dotée de sur-raison, expression dont j’aime à me servir pour éviter tout de suite, l’emprisonnement habituel. ;
Sevestre est venu me rejoindre, dès la dispersion du groupe opérée. Nous parlons des absents, de la guerre, de son inutilité .» (la suite a été perdue…)

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